Pendant de longues minutes, lors du conseil municipal, ce 24 juin, les élus de la municipalité (Sébastien Sémeril, Laurent Hamon, Olivier Roulier, Yannig Nadesan) se sont exprimés contre l’extrême droite. Ils ont célébré l’ancrage à gauche de Rennes. « Ces résultats locaux demeurent une satisfaction. Ils saluent le travail déjà réalisé et nous engagent sur ce qui reste à accomplir », a indiqué l’adjoint au maire, Sébastien Sémeril (groupe socialiste). Pendant de longues minutes, leur opposition plurielle est aussi revenue sur la montée du Rassemblement national. « La gauche ne peut plus se complaire dans sa posture “de rejet” en criant à l’extrême droitisation de la France et du monde. Elle ne peut plus demeurer dans un entre-soi confortable », a expliqué Carole Gandon. « À Rennes, aussi, l’extrême droite monte. Elle est bien passée au-dessus de la barre des 10 % si on compte le vote Reconquête. Rennes n’est pas une île et au lieu de vous réjouir du score du RN, vous devriez sérieusement vous en inquiéter. Depuis 7 ans, vous niez le ressenti des gens. Vous leur expliquez ce qu’ils doivent penser, voir et élire, en vous gargarisant de discours lénifiants totalement déconnectés du réel qui ne font que dégoûter encore plus les citoyens de la classe politique. »
En réitérant « l’alliance mortifère avec LFI élargie au NPA pro-Hamas », la majorité signerait un pacte purement électoraliste. » Carole Gandon.
De l’autre côté de l’opposition, Charles Compagnon, cible de l’extrême droite sur les réseaux sociaux, a reproché à l’équipe municpale de détourner le « regard sur la vague noire de l’ultragauche ». « Cette vague noire profite depuis plusieurs années de chaque manifestation pour l’infiltrer afin de tout dégrader, de tout casser sur son passage. Elle profère des menaces de mort à l’encontre de responsables politiques et soumet des étudiants à son bon vouloir ! »
Piquée au vif, Nathalie Appéré, maire de Rennes, s’est emportée contre la minorité. « Les oppositions ont choisi de consacrer leur temps d’expression politique et leur énergie à salir la gauche », a-t-elle proclamé. « Chacun a ses combats », a-t-elle ajouté sous un tonnerre d’acclamations des élus de la majorité. « Vous vous applaudissez, j’ai honte pour vous ! », a clamé Carole Gandon. Après une interruption de séance de deux minutes à peine, la leader de l’opposition a de nouveau interpellé Nathalie Appéré. « Vos propos sont inacceptables. Vous déformez mes déclarations et ceux de mes collègues. Vous insultez les Rennais et les Rennaises qui ne soutiennent pas le projet de LFI. Vos applaudissements sont irrespectueux. Je vous demande des excuses. »
En réponse, Nathalie Appéré a simplement rétorqué. « Je vous invite à relire les vôtres. » Dans un tohu-bohu politique, les élus de l’opposition (centre-droit et Macronistes) ont quitté la salle. Quelques minutes plus tard, ils étaient en conférence de presse autour d’une grande table. « Leur gauche n’est pas un totem », a expliqué Antoine Esneault (Révéler Rennes). « Nathalie Appéré et ses amis doivent sortir de leur petit monde imaginaire. Il n’y a pas d’un côté les gentils résistants, les nouveaux Front populaires, les Jean Moulin modernes et de l’autre les fascistes. Parler d’insécurité ne veut pas dire que l’on est d’extrême droite. »
Ils ne peuvent pas transformer le conseil municipal en tribune politique », Antoine Cressard.
« Se faire rabrouer de cette manière est humiliant », a ajouté Laureline du Plessis d’Argentré (Révéler rennes). « Nous sommes dans un déni de démocratie. Les gens qui ne sont pas de leur bord n’ont pas le droit à la parole. » Même son de cloche chez Carole Gandon, la porte-parole de Révéler Rennes. « Ils sont pétris dans leurs certitudes et ceux qui ne sont pas dans leur logiciel ne méritent pas d’exister. »
Habitué aux débats, Loïc Le Brun (centre droit) tape fort lui aussi contre la première dame de Rennes. « Nathalie Appéré n’est pas une grande maire. Elle est une militante. Elle est bien loin du niveau de Edmond Hervé, son prédécesseur. Au lieu de nous donner la leçon, elle devrait gérer les dossiers du métro, de l’incinérateur, du Stade rennais. » Dans une telle confusion, Laureline Plessis d’Argentré s’inquiète elle pour la démocratie. « Devant cette hystérisation complète de la vie politique, certains n’auront certainement plus envie de voter. »
Nathalie Appéré n’a pas été sous protection policière à cause de menaces d’extrême droite ! », rappelle Charles Compagnon.
En cheffe de parti politique, la maire de Rennes, Nathalie Appéré, aura visiblement mobilisé ses rivaux contre elle. « Face à l’attitude admissible, nous nous retrouvons en effet », mesure Charles Compagnon. Ce soir, Nathalie Appéré a failli créer un « pacte fondateur » des oppositions. Elle devra lors du prochain conseil de municipal de Rennes tenir compte de ce dernier évènement ! « Nous attendons des excuses », prévient d’ores et déjà Carole Gandon.
Infos + : le dernier départ de l’opposition du conseil municipal date de septembre 2021.