Le service de la neurochirurgie du CHU de Rennes est dans la tourmente. Il fait l’objet d’une vaste enquête où il est question de sombre harcèlement moral et sexuel (voir notre article). Pour l’heure, aucune décision de justice n’a été rendue. Mais cette affaire prend une tournure politique. Lors du dernier conseil municipal de Rennes, ce lundi 22 janvier, Charles Compagnon, porte-parole de Libres d’Agir, a tenu à interroger la maire, Nathalie Appéré. « Dans Paris Match, des médecins ont accepté de témoigner à visage découvert pour redire la gravité de la situation pour eux ainsi que les conséquences pour les patients. À la suite de cet article, une interview de la journaliste sur Europe 1 vous a identifié, madame la maire, comme étant parfaitement au courant de ces dysfonctionnements graves (voir notre reportage). Depuis, nous n’avons pas lu de démenti de votre part. Si vous estimez que, ce qu’a été dit ou écrit, n’est pas la vérité, nous avons besoin de vous entendre l’affirmer. Dans le cas contraire, la majorité des observateurs se raccrocheront à l’adage : qui ne dit mot consent. »
Piquée au vif, Nathalie Appéré a tenu à répondre longuement. « Monsieur Compagnon, je vois bien les efforts que vous déployez pour essayer de m’incriminer personnellement dans les difficultés rencontrées par le service de neurochirurgie au C.H.U. Je me suis exprimée sur ce sujet, lors de notre dernier conseil municipal au mois de décembre. Chacun pourra retrouver l’intégralité de mes propos sur le fond de ce dossier, sur le rôle qui est le mien (notre article). Mais laisser penser que les responsabilités qui sont les miennes au CHU, en tant que présidente du conseil de surveillance, seraient identiques à celles que j’exerce comme maire est complètement aberrant. Les réponses sur le fond sont apportées par le Directoire, par la direction générale du CHU. Il ne m’appartient pas de gérer les ressources humaines du C.H.U. Ce n’est pas le rôle qui est le mien, encore moins sans doute de réguler ce que peuvent être un certain nombre de conflits à l’intérieur de l’établissement hospitalier. Je veux bien porter toutes les erreurs de la terre depuis la Révolution française, mais vous reconnaîtrez que ces faits qui sont aujourd’hui évoqués précèdent assez largement les responsabilités qui sont les miennes. »
Au passage, Nathalie Appéré a épinglé cette interview réalisée sur une « chaîne de la galaxie» du groupe Bolloré. « Cette presse a des manières d’introduire le discrédit qui sont très caractéristiques. Un certain nombre de sociologues des médias s’émeut d’ailleurs de l’impact sur une démocratie fragile que peuvent avoir ces manières de salir, de blesser et de chercher des responsabilités en dehors de tout circuit. Alors, croyez bien que dans ces conditions-là, je n’ai pas effectivement souhaité répondre à ce qu’est une entrevue d’une journaliste du groupe Bolloré par un autre journaliste du groupe Bolloré. »


