Ce 5 décembre, le conseil municipal a rendu hommage à Magda Hollander-Lafon, morte récemment (voir notre article). A cette occasion, Antoine Esneault, l’un des conseillers de Révéler Rennes, a tenu à saluer la mémoire de Léon Gautier, décédé dernièrement et résistant. « Le 6 juin 2023, le Chef de l’État se rendait à Colleville-Montgomery pour rendre hommage aux 156 000 soldats alliés, ayant débarqué sur les plages de Normandie, 79 ans auparavant, précise-t-il. Parmi les participants à cette cérémonie, un invité de marque : Léon Gautier. Âgé de 100 ans, il était le dernier survivant des 177 du commando Kieffer, présent comme à son habitude malgré la fatigue. »
Le 3 juillet, Léon Gautier s’en allait. Quatre jours plus tard, sur les sables d’Ouistreham (où le militaire avait débarqué), le président de la République lui rendit hommage. « J’ai le souvenir d’un homme ordinaire, devenant héros en suivant l’appel au service de la France et de ses idéaux, » affirma Emmanuel Macron. « Ayant eu l’honneur d’assister à cette magnifique cérémonie, ajoute Antoine Esneault, je peux ici vous témoigner l’émotion qui y régnait, notamment lorsque l’ensemble des vétérans “bérets verts” ont fredonné l’hymne du commando. »
Léon Gautier avait la particularité d’être né à Rennes le 27 octobre 1922, au 48 route de Lorient précisément. Issu d’un milieu populaire, il avait poursuivi une formation d’apprenti carrossier dans notre ville, tout en continuant de fréquenter les salles de boxes. « Engagé volontaire dans la marine à 17 ans, il n’avait pas hésité une seule seconde à rejoindre les forces françaises libres (FFL) dès juillet 1940. Il n’avait pas encore 20 ans qu’il préférait déjà mourir pour la France plutôt que d’imaginer un avenir sans elle. »
Le commando Kieffer, qu’il ralliera par la suite, payera un lourd tribut : sur les 177 héros qui débarquèrent le 6 juin 1944, 10 furent tués le jour même, puis 10 autres, les jours suivants. « Seuls 24 hommes terminèrent la campagne de Normandie sans avoir été blessés, après 78 jours de déploiement alors qu’ils ne devaient initialement combattre que 3 ou 4 jours. » Aujourd’hui, notre groupe veut rendre hommage à cet infatigable passeur de mémoire qu’était Léon Gautier, et à travers lui, ses 176 frères d’armes du commando Kieffer. « Nous pensons donc qu’une dénomination de voie, d’espace ou de bâtiment public pourrait lui être attribuée. Une école pourrait par exemple être un beau symbole, afin notamment de partager aux jeunes l’importance des valeurs patriotiques et de concorde nationale, qui font parfois cruellement défaut en ce moment. » La majorité municipale n’est pas contre.