Ce samedi 20 août 2022, le bourg de Cornillé, près de Vitré, s’apprête à vivre une soirée estivale tranquille. Dans leur maison, Pierre Souvestre et son épouse profitent d’un apéritif. Mais vers 18 h 40, deux chiens déboulent à toute vitesse sur leur propriété, effrayant leur fille. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Agacé, Pierre, un sexagénaire, se lève, prend un bâton et se dirige vers le domicile de son voisin, Donovan Pronteau, 26 ans, qui joue à la pétanque avec sa famille. Ce qui devait être une simple confrontation dégénère en bagarre. Trois coups de poing, un coup de pied, et l’altercation tourne au drame. Pierre Souvestre s’effondre dans un champ, au lieu-dit La Machottière. Son cœur, affaibli par une malformation inconnue, lâche devant les témoins.
Les 23 et 24 septembre 2024, Donovan Pronteau a comparu devant la cour criminelle d’Ille-et-Vilaine pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Le jeune homme n’en mène pas large. La menace d’une peine lourde pèse sur ses épaules. « La victime est décédée des suites de l’altercation, sous l’effet du stress, de l’effort physique et d’une arythmie cardiaque », explique l’expert médical.
Un homicide par attaque cardiaque
Avocat de la famille Souvestre, maître Erwann Prigent, a tenu à démontrer l’acharnement du prévenu. « Pierre Souvestre ne montre aucune hostilité, ni par des paroles ni par des gestes », déclare-t-il. « Son agresseur, sous l’emprise de l’alcool et d’une colère rentrée, s’en prend à lui sans lui laisser la moindre chance. En le frappant au visage et sur tout le corps, il provoque un stress émotionnel si intense qu’il entraîne une accélération du rythme cardiaque, un manque d’oxygène et finalement une crise cardiaque. Se rendre coupable de violences, c’est prendre le risque d’un drame, et la victime de ce pari, c’est Pierre Souvestre. »
De l’autre côté de la barre, l’avocat de la défense, maître Jérôme Stéphan, évoque les « circonstances particulières » de cette affaire. « Mon client ne nie pas les brutalités », admet-il à la sortie de l’audience. « Ses quelques coups, qui causent des ecchymoses, participent certes au drame. Ils affaiblissent les capacités de résistance de Pierre Souvestre et contribuent probablement à son décès. Mais si les agressions n’avaient pas eu lieu, rien ne dit qu’il ne serait pas mort quand même. » Longuement, l’avocat a invoqué le parcours de Donovan. « C’est un jeune homme cabossé. Sa mère était frappée par son mari, et lui-même subissait les coups de son père et de son frère. » La cour ne retient cependant aucune circonstance atténuante pour le prévenu. Donovan Pronteau est condamné à neuf ans de prison et maintenu en détention. « On le sanctionne non seulement pour ce qu’il a fait, mais aussi pour les soins qu’il n’a pas suivis. » Maître Stéphan fait appel de ce verdict.