Au XIXe siècle, on ne rigolait pas du tout avec les pleureurs, les pleurnicheurs. La sensibilité était perçue comme une sensiblerie ou un sentimentalisme, dixit Anne Vincent-Buffault, auteur du livre Histoire des Larmes. Les hommes ne devaient pas verser de larmes. Ils devaient se maîtriser. Depuis, on pleure comme des madeleines. Le président Vladimir Poutine lors de l’hymne national, Obama en écoutant Aretha Franklin, Ségolène Royal en perdant la présidentielle et même le président iranien Mahmoud Ahmadinejad en rendant hommage à Fatima, la fille du prophète.
A Rennes, au conseil municipal, lundi soir dernier, les élus ont versé des petites larmes. Mais pour une bonne raison : le départ de, Bruno Chavanat pour cause de santé. Certains, à droite, n’ont pas caché leurs émotions. D’autres, à gauche, avaient forcément les yeux humides. Il faut dire que le conseiller municipal et ancien candidat aux élections municipales a touché son petit monde. Il a conclu quinze ans de politique par des remerciements personnels à chacun des adjoints, des conseillers. Aux radicaux de gauche, il a eu un petit mot politique. « Vous et nous, démocrates chrétiens, nous sommes les deux versants de la sensibilité politique rennaise tantôt de gauche tantôt de droite mais toujours modérées. »
Au groupe bretonnant, Chavanat a eu une pensée émue pour l’importance de leur combat en faveur de l’identité bretonne. Aux écolos, il leur a dit merci pour être les défenseurs d’une cause juste. Aux communistes, il les a remerciés de lui avoir fait découvrir le visage humain du marxisme. Aux socialistes, il a salué leur aide à devenir tous les jours un peu meilleur. A Nathalie Appéré, il a félicité son engagement, son amour de la politique, son ouverture d’esprit et finalement son cœur (elle lui a offert sur son lit d’hôpital un bouquin de Churchill). Enfin à ses amis politiques, il a souhaité le meilleur : « L’alternance viendra. Vous le savez, nous le savons, c’est la loi de la démocratie. Un jour, la majorité passera le flambeau à l’opposition. »