Le 2 septembre 2024, aux alentours de 22 h 15, dans le quartier de Cleunay, rue Champion de Cicé, trente-sept pompiers des casernes de Beauregard et du centre sont intervenus au troisième étage d’un immeuble de neuf niveaux. Ils ont rapidement maîtrisé le sinistre qui s’était déclaré dans un cagibi de 8 m², au moyen d’une lance d’incendie. Trois heures plus tard, les soldats du feu ont quitté les lieux, non sans avoir pris en charge une personne handicapée, incommodée par les fumées. « Les autres habitants sont restés calfeutrés chez eux pendant toute la durée de notre action », précise le centre opérationnel de secours. Une enquête est désormais en cours pour déterminer les causes du drame.
À l’école Champion de Cicé, EN FACE DU GRAND BLEU, la municipalité a installé des panneaux noirs pour protéger les enfants du spectacle du trafic de stupéfiants.
Mais ce matin, les résidents oscillaient entre colère et peur. « Mon mari chasse régulièrement les squatteurs du hall de l’immeuble », témoigne une habitante du numéro 47. « Mon fils fait de même. Nous sommes obligés de faire la loi nous-mêmes. » Plus loin, un autre Rennais, visiblement en colère, observe les dégâts dans sa cage d’escalier. « C’est plein de dealers, ici. Nous avons peur ! », dit-il. « Tout le monde sait ce qui se passe », précise un second riverain. « Plusieurs appartements servent de cachettes pour le stup. Les toxicomanes sont partout, dans le quartier. Ils se piquent sans gêne. Cela fait des semaines que nous alertons sur ce danger réel. Il y a déjà eu des départs de feu à cause de leurs drogues chauffées ! Trois fois, des camés à court d’argent sont entrés chez un voisin. Ils s’en prennent aux plus faibles. Pendant des mois, nous avons supplié Archipel Habitat de sécuriser les caves. Nous avons enfin obtenu gain de cause début août. »
Bien plus ferme, un autre locataire demande la fermeture de tous les accès pendant les travaux en cours dans l’immeuble. « Il faut sécuriser le Grand bleu et installer des caméras. On dirait un hôtel ici ! », affirme-t-il. Face à lui, le directeur d’Archipel Habitat, Antoine Rousseau, est venu en personne. Entouré de ses collaborateurs et du gardien et de quelques habitants, il écoute attentivement les doléances. Il ne souhaite pas tirer des conclusions hâtives, en attendant les résultats de l’enquête. « Aujourd’hui, nous avons des locataires émus, inquiets par rapport à la situation, et c’est tout à fait normal », confie-t-il. « Les points de tension tournent principalement autour de l’accès aux caves, sur fond de trafic et de consommation de stupéfiants. Les mesures nécessaires ont été prises. Nous sommes actuellement dans un contexte de travaux. Certains occupants demandent de restreindre les allées et venues, qu’ils considèrent être à l’origine du sinistre. L’enquête nous le dira. »
Au cours de la journée, les locataires des logements adjacents au cellier devaient pouvoir réintégrer leurs appartements. Le Grand Bleu, conçu par l’architecte Maillols, avait été baptisé lors de sa construction « la cité de l’école » (voir notre article). Haut de 27 mètres, l’immeuble est actuellement en réhabilitation, sous l’égide d’Archipel Habitat. Selon nos informations, le cellier (tout comme le hall de l’immeuble) était ouvert au moment du sinistre. « Il y a des serrures dans nos cagibis, mais pas de clés », ajoute un voisin. « Il est temps d’arrêter de se cacher derrière les enquêtes. Il y a urgence aujourd’hui. »
Infos + : la grande fresque de l’artiste Héol a été noircie par les fumées.