Pour le procès des cinq agresseurs présumés de deux militants de l’UNI à la faculté de Droit, en marge d’une manifestation contre les coupes budgétaires, la salle d’audience correctionnelle était comble ce 4 mars 2025. D’un côté, les amis de l’ultragauche, au « look vintage » et aux cheveux parfois colorés. De l’autre, des soutiens des victimes au style plus classique. Entre les deux groupes, il n’y avait pas un regard, pas un mot. On ne s’acoquine pas avec le diable !
Devant la présidente Dominique Ferrali, les cinq prévenus, âgés d’une vingtaine d’années, ont demandé le renvoi de l’affaire pour préparer leur défense. Quatre garçons et une femme composent l’équipe. Trois étudient les arts plastiques et la communication, les deux autres travaillent dans la restauration. Hormis la jeune femme, accusée d’avoir facilité l’échange de vêtements après l’altercation, les quatre hommes sont poursuivis pour des faits similaires. Il leur est réproché des violences le 27 février sur deux étudiants ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à huit jours, un vol en réunion du sac d’une des victimes et refus de se soumettre aux contrôles signalétiques. L’un d’eux faisait déjà l’objet d’une interdiction de manifester. Deux autres sont en état de récidive pour refus de décliner leur identité.
Un groupe « organisé » selon le parquet
Substitut du procureur, Vincent Mailly, a requis le maintien du contrôle judiciaire pour tous. « Il faut empêcher la réitération des faits », a-t-il expliqué. « Nous avons devant nous des individus bien organisés, échangeant leurs vêtements et commettant leurs méfaits sous la protection des parapluies. » De l’autre côté de la barre, les avocats de la défense ont été concis. L’un d’eux a mis en avant la situation familiale de deux prévenus. « Il serait compliqué d’exclure tout contact entre deux personnes partageant leur vie. Nous serions dans une atteinte à la vie privée. »
Après quelques minutes de délibéré, le tribunal a décidé de maintenir le contrôle judiciaire des cinq prévenus. Il leur est aussi interdit d’approcher la faculté de Droit, de manifester, de se rencontrer entre eux (sauf pour le couple concerné) et d’entrer en contact avec les victimes. À la sortie de l’audience, Valentin Le Dily, avocat des deux étudiants, s’est exprimé devant les médias. « Les faits sont choquants. On parle d’une agression sur le parvis d’une université, un lieu d’éducation. Mes clients ont été molestés en raison de leurs opinions et de leurs engagements politiques. Ce n’est pas une circonstance aggravante pénale, mais cela reste très inquiétant pour le débat démocratique. »
En tant que défenseur de la partie civile, l’avocat espère beaucoup de la justice. « Nous attendons que le préjudice de mes clients soit reconnu, tant sur le plan moral que physique. Nous escomptons également que leur sécurité soit garantie avec le maintien de l’interdiction de contact et d’accès aux abords de l’université de Droit, une mesure tout à fait envisageable dans ce type de procédure. Cette affaire confirme aujourd’hui qu’il est difficile de s’engager politiquement pour un parti comme le Rassemblement national à Rennes. » Le dossier sera jugé le 24 avril sur le fond, à 15 h, devant le tribunal correctionnel de Rennes.