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lundi 11 novembre 2024
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YVES BOUTET, DU TEMPÉRAMENT ET UNE FIDÉLITÉ EXEMPLAIRE

Yves Boutet est l’un des joueurs les plus emblématiques du Stade Rennais. Il resta douze années sous les couleurs rouge et noir, disputant près de 400 matchs officiels. Titulaire indiscutable, il fut le capitaine de l’équipe victorieuse de la coupe de France en 1965 et le premier à soulever le trophée dans le ciel de Paris. Fidèle parmi les fidèles, il connut les heures de gloire de Rennes, comme les saisons les plus sombres en deuxième division. Joueur régulier et défenseur de devoir, il était retiré à Lorient, mais venait souvent au stade. Il est décédé ce vendredi 16 juillet. Il rejoint les cieux footballistiques, un an après son copain, Louis Cardiet. (https://www.rennes-infos-autrement.fr/louis-cardiet-le-vainqueur-des-deux-coupes-rennaises/

Natif de Rennes, en hiver 1936,  Yves Boutet, dit Yvon, pratique le tennis de table, l’athlétisme et la gymnastique avec un certain Henri Guérin qu’il retrouvera quelques années plus tard sur les bancs du Stade Rennais. A douze ans, il fait ses premières armes à la Tour d’Auvergne de Rennes. « Dans ces années-là, on ne démarrait pas le foot avant 10 ou 11 ans, » explique-t-il au journal Ouest-France, le vendredi 29 décembre 2006. « Les choses ont bien changé. On voit aujourd’hui pas mal de bambins qui poussent  le ballon dès l’âge de 5 ou 6 ans. »

Chez les minimes, le jeune Boutet devient champion de l’Ouest avec la TA. « A l’époque, mes camarades et moi-même allions jouer jusqu’aux Mans, » se souvient Yves Boutet. Deux années de suite, nous avons décroché la plus haute marche du podium. Ce fut la meilleure école. » Passé cadet, il devient champion de Bretagne et international junior, l’année suivante. « Dans les années cinquante, les joueurs étaient sélectionnés pour un seul et unique tournoi bien souvent dans un pays étranger. » 

Juste après la Seconde Guerre Mondiale, le jeune Boutet voyage et découvre l’Allemagne dévastée. « Les compétitions se jouaient dans un  stade reconstruit à Cologne. Tout  autour, c’étaient  des ruines. Là-bas, nous avons passé quinze jours extras. Les journalistes nous prenaient régulièrement en photos avec nos camarades allemands. » 

En revanche, les victoires ne sont pas au rendez-vous. « Nous étions complexés par les autres équipes internationales. Les Hollandais, les Argentins, les Anglais et les Italiens étaient meilleurs que nous. A chaque fois, on se prenait des volées. Il faut dire que nos dirigeants ne nous encourageaient guère…. Ils nous faisaient toujours comprendre que nous étions d’un niveau bien inférieur ! »

                                            « Je travaillais le jour et je m’entraînais le soir »

En revenant de ses aventures lointaines, Boutet travaille d’arrache-pied avec un certain Jean Batmale (ancien international français et joueur du Stade Rennais des années 20). « Il entraînait l’équipe première de la TA qui évoluait en division d’honneur, » se souvient Yves Boutet. « Comme je travaillais dans une imprimerie comme typographe, je m’entraînais avec lui et d’autres joueurs, uniquement le soir. » 

À 18 ans, Yves Boutet est repéré par les dirigeants du SRUC. « Quand j’ai signé au Stade Rennais comme stagiaire professionnel, se rappelle-t-il,  il n’était pas question d’arrêter de travailler. Mes parents me l’auraient interdit ! » Pour contrecarrer l’ire paternelle, il trouve un travail dans le journal Les Nouvelles de Bretagne et enchaîne les entraînements. « A l’époque, nous prenions les choses comme elles venaient et nous ne pensions pas à gagner du fric! » 

                        Une remontée en division 1 

Sous les couleurs rouges et noires, le jeune homme prend le chemin de la gloire et… du club phare de la cité rennaise. « C’est vraiment à Rennes que je garde mes meilleurs souvenirs de footballeur, » se plait-il à rappeler, souvent. Le 23 octobre 1955, à 19 ans, juste avant son vingtième anniversaire, il revêt la tunique rennaise pour la première fois contre Sète. Contre les Héraultais, les Rennais ne font pas de quartier et gagnent sur le score de 3 à 0. Défenseur, le jeune Boutet est aux anges.  « Je me souviens très bien de cette rencontre. Je devais marquer un centre avant de renommée nationale et j’en étais assez inquiet. Mais au final, il n’a pas touché beaucoup de ballons… J’en étais assez fier. » 

Lors de cette saison 1955-1956, Yvon participe à la grande aventure de la remontée en division 1. Aligné dans onze matchs (deux rencontres en coupe Drago), il joue sous la férule d’un entraîneur joueur hors du commun, Henri Guérin. « Comme moi, il était arrière central. Il me faisait rentrer lors des rencontres à faible importance. Il reprenait en revanche le flambeau pour les matchs capitaux…  » Cette année-là, les Rennais gagnent brillamment le championnat de deuxième division, devançant le SCO d’Angers et Valenciennes. Les Rennais battront même deux fois les Nantais 4-2 au Parc de la Route de Lorient, 3 à 0 à Malakoff et le SCO 3-2 en Bretagne. « Je garde un excellent souvenir de cette saison. Nous jouions avec des gens comme  Jean Grumellon, Le Dren… Le jour de notre sacre, c’était affolant. Les journalistes étaient là. C’était la fête… »  

Boutet sacrifié au nom de la Raison d’Etat

Entré en janvier 1957, au bataillon de Joinville (sorti deux ans après), Yves Boutet est de nombreuses fois sélectionné au sein de l’équipe de France militaire. Cette année-là, il faillit être champion du monde en Argentine. « Juste avant de prendre l’avion, on nous a dit : deux doivent rester au sol. J’ai eu la malchance d’être tiré au sort. » La raison est tout simplement politique. « Les autorités voulaient éviter le départ vers le FLN de Rachid Mekhloufi et d’un autre joueur d’origine algérienne. Le meilleur moyen était encore de les envoyer à l’autre bout du monde ! » 

L’année suivante, Yves Boutet intègre à nouveau l’équipe militaire pour disputer les Mondiaux. Malheureusement, le sort s’acharne encore une fois.  « Je l’ai eu dans le baba ! Nous avons été battus en finale contre le Portugal. » Sous le maillot bleu et blanc, Boutet se lie d’amitié avec un certain Just Fontaine (le meilleur buteur de la coupe du monde de 1958). « On était très bon copains, » dit-il tout simplement. « Plusieurs fois, nous nous sommes retrouvés durant la guerre d’Algérie pour effectuer quelques stages… » Il rencontre également deux futurs rennais Marcel Loncle, André Ascencio et le Nantais Jean-Claude Suaudeau. « Nous vivions des moments extraordinaires. Nous partions en Grèce, en Suisse, en Angleterre, en Belgique, en Espagne…Pour y aller, nous embarquions avec les fameux Dakota. Dans les avions, nous dormions à même la tôle avec des couvertures sur le dos pour lutter contre le froid. A côté de moi, Justo était capable de raconter des c….. des nuits entières. » 

                                               Boutet filé par le contre-espionnage

Au début de la saison 1956-1957, Yves Boutet rejoint la division 1. A 20 ans, à peine, l’expérience sera formatrice mais de courte durée. Les Rennais retournent aussi sec en division 2. La saison suivante (1957-1958), retour en deuxième division pour le Stade Rennais. Yves Boutet devient un titulaire indiscutable, disputant 35 matchs du championnat, 4 en coupe de France et 2 en coupe en Drago. Cette année-là, il a la chance de jouer aux côtés du talentueux algérien Khennanne Mahi et du fameux buteur Antoine Cuissard (24 buts à son actif). « Mahi venait d’Afrique du nord. Il avait à peu près mon âge. Nous sommes devenus très vite copains et on faisait souvent chambre commune. » Un jour même, les deux compères sont filés par la police. « Nous étions partis de Rennes pour aller jouer à Saint-Etienne. Deux policiers étaient à nos trousses. Ils avaient sans doute peurs que mon ami rejoigne Genève et le FLN ! «  

En 1958, le club rennais retrouve bien vite la première division, terminant deuxième à trois points de Nancy. Il remonte directement sans passer par les barrages en compagnie de Limoges, Strasbourg et les Nancéens. Rennes s’ancre dès lors en première division et finit douzième du championnat. Guérin est toujours entraîneur, l’excellent Théo recruté mais Le Dren, Cueff et le gardien Pinat sont repartis vers d’autres cieux. Cette saison-là, Boutet joue en revanche beaucoup moins (13 matchs en division 1 et 2 en coupe de France). « J’ai été blessé lors d’un match contre le Racing, se souvient-il. Sur un terrain gelé, mes adducteurs ont tout simplement lâché. Mais il n’était pas question de sortir. Je suis resté jusqu’à la fin de la rencontre… »

Le 22 mars 1959, le Rennais Boutet est aligné en quart de finale contre Lyon (3-2). Il est accompagné par Audigane, Le Men, Imbernon, Gaulon et Poulain, Cuissard, Dombeck, Mahi, Théo et Meano. Auparavant, les Rennais avaient brillamment battu Sidi-Bel-Abbès à Oran en 32e de finale, le stade Briochin en 16e de finale puis Troyes en huitième de finale. 

Tous les espoirs sont donc permis. Mais en demi-finale, sous le soleil d’Oran, les Sochaliens de Julien Stopyra (père du futur joueur rennais, Yannick Stopyra), battent les Rennais sur le score de 2 à 1. Tout jeunot, Boutet a du mal à contenir sa déception et le retour en terre rennaise est difficile. « Nous devions gagner. Malheureusement,, nous n’étions pas dans le  coup ce jour-là. Sinon, nous aurions été en finale. J’en suis maintenant certain. » 

                                  

               40 matches en une saison

Durant la saison 1959-1960, Rennes termine à la 15e place. Seule satisfaction, Théo marque onze buts, dont deux contre le Racing. Indétrônable, Boutet dispute cette année-là la bagatelle de 37 matchs, 3 en coupe de France et 1 en coupe Drago. La saison suivante, en 1960-1961, Yvon sera aligné trente-huit fois. « A cette époque, notre équipe ne brillait pas en championnat. Nous n’étions tout simplement pas bons, » reconnaît aujourd’hui le Rennais. 

A la fin de l’année 1962, Rennes (12e) continue son petit bonhomme de chemin….sans éclat. Henri Guérin laisse sa place à Antoine Cuissard. Devenant une pièce maîtresse, Yves Boutet rassure ses équipiers par sa présence physique, son assurance et son expérience.  « J’étais un joueur normal, comme notre président ! (Ndlr François Hollande), » commente le Rennais. Je répondais toujours présent, m’entraînais régulièrement et menais une vie carrée comme il fallait. » 

                            Une bande de copains

Durant la saison 1962-1963, c’est un peu mieux pour le Stade Rennais qui termine à la 11e place. Au cours de cette saison, Yves Boutet est aligné trente-quatre fois par le coach Antoine Cuissard. « Tatane était un entraîneur particulier, » se souvient Yvon. Loin d’être en osmose avec leur mentor, Yves Boutet et ses coéquipiers ne suivaient pas toujours ses directives.  « On formait une bonne bande de copains et on  réglait nos problèmes nous-mêmes sur le terrain…«  

Lors de la première partie du championnat, les victoires s’enchaînent au fil des semaines. Mais la fin de saison est catastrophique. Rennes se classe 11e…et est éliminé dès les 32e de  finale de la coupe de France. Seule éclaircie dans la saison, le club recrute plusieurs joueurs de talent, Louis Cardiet, Jean-Pierre Brucato, Alain Jubert et Marcel Loncle qui joueront un rôle important dans les années qui viennent.

En septembre 1963, Nantes et Rennes se retrouvent en première division pour la première fois ensemble. Les Nantais terminent 8e et Rennes 11e. En bisbille avec ses joueurs et cumulant les mauvais résultats Antoine Cuissard est débarqué par les dirigeants rennais. « Cette année-là, nous avons bien failli descendre, explique Yves Boutet (27 rencontres).  Il restait deux ou trois matches à jouer et cela commençait à tirailler fort avec Cuissard. Lors de la dernière rencontre, nous étions assurés de rester en première division. Mais il restait encore dix minutes à jouer.  En qualité de capitaine, j’ai dit à mes coéquipiers : On envoie les ballons dans les tribunes et on sauve la saison ». Au retour dans les vestiaires, les dirigeants et l’entraîneur pestent contre leurs joueurs. Enervés, en colère, les stadistes partent après la rencontre festoyer sans leurs dirigeants leur maintien dans un restaurant de Liffré. 

En septembre 1964, un nouvel entraîneur prend les rênes du club. Jean Prouff, ancien joueur rennais, convertit les Stadistes à un jeu à la rémoise. Coach de Reims et du Standard de Liège, il a été impressionné par la qualité du jeu offensif d’Anderlecht…et l’applique aux Bretons. « Nous avons eu un peu de mal à nous adapter, » reconnaît Yves Boutet (30 matches encore au compteur). « Il fallait jouer le hors jeu au milieu du terrain…et passer tout notre temps dans le terrain adverse. Ce ne fut pas très simple au départ. »

Contre Nantes, sur le terrain des Canaris, le 22 novembre 1964, Yves Boutet  sauvera les Rennais en dégageant de la main …en corner (victoire de Rennes 2 à 3). « J’ai la photo de l’action, » commente Yves Boutet. « Devant moi, le petit Blanchet déborde sur l’aile. Au moment où il centre, je mets mon pied et la balle rebondit sur mes doigts. J’en ai souvent parlé à plusieurs reprises avec l’ailier nantais et j’ai toujours eu la même version. » Au match retour, le 10 avril 1965, devant les caméras de télé, les Nantais sombrent littéralement chez leurs voisins et perdent sur le score de 4 à 0.  » Les Canaris : il ne fallait pas nous en parler. En revanche, avec les Angevins, les Brestois, nous nous entendions très bien. » Malgré ces deux derbies remportés, Rennes terminent derrière leurs « ennemis » bretons à une excellente quatrième place. « Nous étions en mesure de faire le doublé, coupe et championnat.  Malheureusement, nous avons peut-être un peu trop pensé à la coupe et un peu moins au titre. C’est dommage. Car j’en suis persuadé, nous étions bien meilleurs que les Nantais. Beaucoup de journalistes, comme Thierry La Fronde (ndlr : Thierry Roland de son vrai nom) le pensaient. » 

En coupe de France, ils éliminent le Red Star à Brest  (2 buts à 1) et Lens au Parc des Princes (à l’issue d’un match de haut niveau) sur le score de 4 à 3. Puis, ils atomisent Saint-Quentin en huitième de finale sur le score fleuve de 10 à 0 dont 5 buts de Rodighiero, le 7 mars 1965.

A Marseille, en quart de finale, le 4 avril 1965, les Rennais se débarrassent de Nice sur le score de 5 à 2. En demi-finale, rebelote, ils battent Saint-Etienne au parc des Princes devant 30 000 spectateurs sur le score de 3 à 0. « Paris, pour un soir, était devenu la capitale de la Bretagne, » écrit André Herné, journaliste au Télégramme. « Notre plus grand souvenir, ce n’est pas la finale, » ajoute Boutet. C’est la demi-finale face à Saint-Etienne. On a récité un football de rêve. Tout nous réussissait. On aurait pu leur mettre une dizaine de buts. C’était le match de rêve, » assure-t-il.

                         La bise de sa femme

Avant la finale, Boutet et se bande se préparent sur la côte d’Emeraude. Le 23 mai, ils entrent sur le terrain du Parc des Princes, sous l’oeil des caméras et des milliers de supporters bretons. La coupe est à portée de mains…Mais les Rennais ne sont pas du tout dans le match et frôlent le KO. Grâce à Jacques Marie et André Perrin, Sedan mène en effet 2 à 0. Heureusement, Ascencio puis Rodighiero sur un centre de Loncle égalisent pour les Rennais. « Nous étions comme paralysés, » se remémore Yves Boutet. « Heureusement, Coco (Ascencio) nous a sauvé la mise. » 

Trois jours plus tard, le 27 mai, au Parc des Princes, lors de la deuxième finale, Sedan marque le premier par Yves Herbet. On craint à cet instant le pire. Piqués au vif, les Rennais égalisent par Rodighiero puis aggravent le score par Loncle à 77e minute et à nouveau par Rodighiero à la 86e minute. C’en est fait des gars de Sedan.. La coupe est enfin en Bretagne, à Rennes, après deux tentatives avortées en 1922 et 1935 !

Quatre à quatre, à la fin du match, Yves Boutet monte les marches du stade vers le trophée. « Je n’ai pas aimé que le Grand Charles ne soit pas là ! » regrette Yves Boutet.  Faute du Général de Gaulle, Maurice Herzog lui remet la coupe. « Ce fut un grand moment d’émotion. Ma femme a bousculé un peu tout le monde pour m’embrasser! » Porté en triomphe par ses camarades, le capitaine Yves Boutet jubile sous les applaudissements. « La Coupe de France de 1965 reste mon plus grand souvenir. Ce fut vraiment le fait le plus marquant de ma carrière, car ce jour-là  j’étais capitaine et c’est moi qui, le premier, à soulever le trophée. « 

                                         Des bouteilles cachées dans les vestiaires

Dans la capitale bretonne, les Rennais ne rentrent pas tout de suite. « Nous sommes restés à Paris pour faire la fête au Moulin Rouge, » se souvient Yves Boutet. « Cela nous changeait du Lido où nous avions célébré la première finale avec l’équipe de Sedan ! » Après les festivités parisiennes, les Rennais filent tout droit vers Strasbourg où ils doivent disputer leur dernier match de championnat. « Dans les vestiaires, les  Strasbourgeois avaient caché des bouteilles de Gewurztraminer au début du match puis à la mi-temps. Mais cela ne nous a pas empêché de faire un vrai festival…devant les bus strasbourgeois. » 

De retour enfin, à Rennes, l’accueil des Bretons est triomphal. « Il y avait un monde incroyable tout le long de l’avenue Janvier. On nous avait  mis à disposition des voitures décapotables. Mais les autos ne sont jamais arrivées jusqu’à l’hôtel de ville. On a fait le reste du chemin à bord d’un camion transportant des fûts de bière… »

              Battu au premier tour de la coupe des coupes

Opposés le 17 août 1965 au FC Nantes, dans le cadre du challenger des champions, les Rennais perdent sur le score de 4 à 2. En ce début de saison, les journalistes sentent que les Bretons auront bien du mal en championnat et en coupe des coupes. Les inquiétudes se confirment le 22 septembre 1965 en coupe des coupes. Les Bretons sont battus 2 à 0 à Prague et ne réussissent pas à inverser la tendance. Dans la capitale tchèque, ils rencontrent des anciens joueurs rennais d’origine tchèque, Boucek et Prozek. « C’était terrible à voir. Ils vivaient comme des miséreux. Ils ont discuté avec nous au milieu de la grande salle d’entrée de notre hôtel. Car ils avaient peur d’être entendus par des oreilles malveillantes. » 

Au match retour,  le 29 septembre. Rennes quitte la coupe européenne sans inscrire un but et sur un score vierge (0-0). « Nous n’avons fait qu’un petit tour et nous avons perdu contre une bonne équipe, » reconnaît Yves Boutet. 

A près de 30 ans, durant la saison 1965-1966, Yves Boutet est toujours sollicité par son mentor Jean Prouff. Il joue trente-sept matchs en division 1 et cinq en coupe de France. Demi-centre, il est toujours cantonné dans une seule partie du terrain. Mais le 28 novembre 1965, il en sort et fonce vers les buts rouennais pour marquer le but d’égalisation à la 80e minute (2-2). « Etonnament, je ne me souviens pas du tout de ce but. En revanche, je sais que j’aimais beaucoup jouer à Rouen, au Havre…les déplacements en taxis n’étaient pas trop longs. » 

Durant la saison 1966-1967, Boutet effectue ses derniers matchs sous les couleurs rennaises. Il dispute encore 29 rencontres dont la dernière le 11 juin 1967 à Lille (match nul 0-0). « Je n’étais plus très copain avec Jean Prouff. Sans doute avait-il  peur que je lui pique sa place d’entraîneur. Il a tout fait pour que je parte… » A la fin de la saison, Yves finit par s’en aller. « Si je voulais me recaser, il fallait que je retrouve ma liberté et signe dans un club amateur, » assure-t-il. A deux doigts de rejoindre Brest et Châteauroux, il signe finalement avec Lorient comme amateur. Avec lui, les Rennais Ascencio, Mahi, Darchen et l’entraîneur Antoine Cuissard prennent la route du Football club lorientais et la deuxième division. « Beaucoup de Rennais ne s’entendaient plus avec Jean Prouff.  Quand les dirigeants lorientais leur ont fait des propositions, ils n’ont pas hésité une seconde. «  

En 1967-1968, les Merlus commencent sur les chapeaux de roue et finissent 8e (11e en 68-69 et 69-70). « Il nous manquait un avant centre. Malheureusement, les finances ne nous ont jamais permis  de le recruter. Sinon,  nous serions montés en première division. »

                      

               Boutet joue contre l’URSS

En 1967, Yves Boutet dispute une rencontre inédite au Moustoir sous le maillot lorientais contre l’URSS (0 à 0). Puis la saison suivante (1968-1969), il commence comme joueur et finit…entraîneur au départ d’Antoine Cuissard. « Je l’ai été six mois à peine, » confirme-t-il. « Ce fut une belle expérience. »

A la fin des années soixante, le Breton décide de mettre un terme à sa carrière. Entré chez Adidas, comme commercial, Yves Boutet revient toutefois dans l’actualité footballistique en 1972. Sous sa direction, une équipe bretonne (en fait un FC Lorientais amélioré) joue contre le club écossais de Falkirk emmené par un certain Alex Ferguson (victoire de 2 à 1 but de Le Gouguec). 

A Lorient, Yves Boutet devient même l’un des dirigeants en 1996 du FC de Lorient. « J’ai été joueur, entraîneur, vice président et président. « Il vivait toujours à Lorient avec sa femme où il s’y sentait bien. Mais il a toujours le coeur à Rennes. « J’ai été vraiment heureux d’être intégré au onze mythique qui célébrait le centenaire du Stade Rennais en 2001. Cela m’a permis de revoir Rennes et mon copain François Pinault. » On vous le dit, un sacré tempérament, ce Boutet… 

Biographie : 

Yves Boutet (1m79 pour 79 kilos), dit Yvon, est né le 03 décembre1936, à Rennes, au 134 boulevard Jacques Cartier, chez ses parents. Défenseur, il a fait l’ensemble de sa carrière au Stade Rennais de 1955 à 1967. Il est le recordman des matches joués sous les couleurs rennaises (352 matchs). Il est champion de France de deuxième division en 1956, vice champion en 1957-1958, quart de finaliste de la coupe Drago durant la saison 1957-1958 et vainqueur de la coupe de France en 1965. Il a été international militaire et junior avant de rejoindre Rennes. Il fut également International B. Carrière de joueur au TA Rennes (1949-1955), Stade rennais UC (1955-1967, passe pro en 1956) et  FC Lorient (1967-1969). Entraîneur : FC Lorient (1969).

jean-christophe collet
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Lancé par le journaliste Jean-Christophe Collet en 2012/2013, www.rennes-infos-autrement.fr devient un site d’informations en 2015 et est reconnu comme site d’informations en ligne par le ministère de la Culture et de la communication.

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