Dans la salle de l’audience du tribunal correctionnel, ce 30 novembre 2022, les trois compères costaux et supporters du PSG semblent penauds. Ils comparaissent pour le vol de la bâche du RCK (Roazhon Celtic Kop), après le match du Stade rennais contre Clermont, en septembre 2021. Devant la présidente de la juridiction, l’un d’eux reconnaît les faits. « C’est une blague qui a mal tourné », explique le fan baraqué, adepte de boxe et le seul sans casier judiciaire. « Nous étions invités à une soirée d’anniversaire d’une amie à Rennes. »
Mais tout aurait basculé lors d’une rencontre avec un supporter rennais qui donne l’adresse du « responsable » du tifo. Après deux ou trois bières, les trois hommes, en compagnie d’un comparse, s’en vont à Breteil où ils attendent l’arrivée de leur précieux butin. Les heures passent. Deux d’entre eux finissent par se lasser (selon leurs dires). « Je suis resté tout seul avec mon collègue jusqu’à l’arrivée de l’ultra rennais. En nous voyant, il est parti en courant, laissant ouvert le coffre. S’il s’était défendu, nous aurions fait demi-tour. »
On n’attend pas 4 h 30 dans une voiture, on ne fait pas un aller-retour de 7 h 30 pour rester 2h dans une soirée à Rennes », indique le procureur.
Mais la version des Parisiens est contestée par la victime. « Ils étaient encagoulés et gantés », explique-t-elle. « J’ai reçu du gaz lacrymogène et un coup de matraque télescopique. » En ce jour de match de foot entre la France et la Tunisie, le procureur a du mal à croire les prévenus. « Ceux-là travaillent leur corps, mais ils ne travaillent pas leur esprit, » précise-t-il. « Ils ne commettent pas un vol d’opportunité. Ils commettent un vol avec violence et de nuit. » Pour éviter la « reproduction » de tels actes, le risque de « représailles », il a demandé des peines sévères allant de 12 mois d’emprisonnement à 10 mois avec sursis en passant par 8 mois ferme. « Je requiers en outre 3 ans d’interdiction de stade en ligue 1 et trois ans d’interdiction de séjour en Ille-et-Vilaine. »
Devant ces réquisitions, les deux avocats de la défense ont tenté de minimiser la responsabilité des accusés. « Est-ce l’œuvre de la justice de donner une sanction exemplaire ? », s’est interrogé maître Jean-Laurent Pannier. « Nous sommes là dans une simple affaire de vol. La victime (qui ne s’est pas constituée partie civile) est bien embêtée. Elle n’a pas offert de résistance. Elle s’est carapatée face à deux individus. Elle ne s’attendait sans doute pas à une telle surprise. » Même son de cloche chez maître Olivier Pacheu. « Ce n’est pas le procès du hooliganisme que l’on fait aujourd’hui. Pour la justice, cette bâche doit être un bout de plastique. Tout cela est disproportionné. Nous sommes dans un vol sans violence. » Le jugement sera rendu le 21 décembre prochain.