Vendredi midi, les forces de l’ordre étaient présentes devant le couvent des Jacobins à l’occasion de Vivre Ensemble, les Assises nationales de la citoyenneté. Encore une fois, cette manifestation était la cible de citoyens mécontents. Encore une fois, ces Assises de la citoyenneté portaient mal leur nom ! Mais pourquoi tant de dissensions sur un sujet si important ? Les Assises sont pourtant pleines de promesses face au besoin de réfléchir au vivre ensemble, à la réalité sociale, à la vie démocratique… Mais les organisateurs se sont contentés d’inviter des sommités, des intellectuels et des personnels politiques habitués des salons et du blabla médiatique.
Préoccupations intellectuelles contre préoccupations quotidiennes
C’est justement là où le bât blesse ! A l’heure où la ville de Rennes subissait des manifestations des gilets jaunes, cette logorrhée intellectuelle, ce conglomérat de penseurs formatés font peut-être tâche. A l’heure où les gens tentent de gagner tant bien que mal leur vie et de faire tourner leur entreprise, ces discussions et ce verbalisme bien-pensant semblent être nécessairement hors du temps. Tout juste intéressent-ils quelques retraités…
Bien sûr, il s’agit de se cultiver. Il s’agit de confronter des idées, de débattre allègrement, mais il existe peut-être d’autres lieux (loges maçonniques, universités, sciences-po et journaux) pour le faire et d’autres moments comme celui du Grand débat national que nous propose le président Macron. Bien sûr, il s’agit d’éveiller les consciences, d’élever le niveau intellectuel, mais peut-être qu’en ces temps de disette morale, politique et économique, en ces temps de revendications, il serait peut-être opportun d’évoquer des sujets du quotidien, d’inviter si possible les uns et les autres à en débattre.
Cet élitisme choque. Il coûte cher à notre collectivité qui a besoin d’autre chose que de budget participatif, d’envolées lyriques, de discussions intellectuelles où l’on est bien loin du pouvoir d’achat, de l’augmentation du SMIC, de la mobilité, de la transition écologique juste, et des questions de sécurité. Jadis, le Couvent des Jacobins était un lieu de respiration, de méditation. Jadis, le Couvent incitait à cultiver son jardin « intérieur ». Aujourd’hui, il est un lieu où l’on palabre sur des sujets qui relèvent plus de la philosophie de boudoir que de l’espace citoyen. Comment peut-on intéresser les gilets jaunes ou d’autres citoyens en difficulté sur des questions aussi générales, aussi vastes que les suivantes : Quelle Europe à l’heure du Brexit ? Comment faciliter l’accès à la culture ?