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jeudi 28 mars 2024
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VIDÉOSURVEILLANCE : UTILE OU INUTILE ?

Il y a les « pour » et les « contre » la vidéosurveillance. Dans la capitale bretonne où la délinquance ne peut plus être aujourd’hui sous-estimée, les avis sont tout autant partagés entre ceux qui désirent des caméras et ceux qui y sont opposés…

Entre les deux, la mairie avance à pas de loup. Elle fait aujourd’hui évoluer doucement son système de vidéoprotection mis en place depuis 2010. «Notre plan de déploiement prévoit de couvrir de nouveaux espaces urbains. Nous envisageons l’installation de 17 nouvelles caméras le long de la passerelle de la gare SNCF, place Sainte-Anne, au Gros Chêne, à Villejean, place des Lices et place de la République (soit aujourd’hui 40 caméras).»

                     Une utilisation pragmatique et mesurée

Ponctuellement, huit caméras seront déployées lors de grands évènements rennais sur le mail François Mitterrand ou sur l’esplanade du Général de Gaulle. «J’ai souhaité une utilisation pragmatique et mesurée de la vidéoprotection dans la capitale bretonne », a expliqué Nathalie Appéré, lors d’un débat au conseil municipal de Rennes. «On n’en fera pas une baguette magique en matière de tranquillité publique. Rien ne remplacera l’action de la police municipale et l’action de la police nationale.»

Opposé à l’expérimentation de la vidéosurveillance en 2009 et à son extension en 2012, Eric Berroche (majorité municipale PC) n’est pas heurté par cette « extension relativement de caméras raisonnable ». Mais il tient toujours à réaffirmer son « refus de principe » à un « monde sous surveillance qui fissure l’espace de liberté individuelle et de l’espace privé. »

Représentante du mouvement bretonnant (et membre de la majorité municipale), Ana Sohier estime le choix d’installation des caméras tout à fait « cohérent » et loin d’être important. «Mais il nous dérange parce qu’il cache une autre réalité, celle de l’extension globale de la vidéo dans les banques, dans les bus (366 caméras), dans les stations (627), dans les rames de métro (240). Or ni la commune, ni les citoyens n’ont aujourd’hui leur mot à dire ! ».

                                         Un dispositif illusoire

Représentante des écologistes, Gaelle Rougier juge pour sa part inutile ces dispositifs. «À Rennes comme ailleurs, le recours par l’institution judiciaire aux images de vidéosurveillance est très faible : 0,10 % des faits de délinquance. Ce ratio augmente à 0,45 % des affaires traitées en centre-ville. À Rennes comme ailleurs, l’exploitation des images pour identifier des suspects est rendue difficile par la présence de végétation, panneaux publicitaires, mobilier urbain ou encore de certains éclairages sur l’espace public la nuit. Le dispositif trouve ses limites tout simplement dans la capacité physique des agents à regarder un grand nombre d’images sur plusieurs écrans en même temps.»

Tout aussi radicale est la position de Yannig Le Gargasson (Front de Gauche). Il estime « inefficaces » les caméras dans l’élucidation des affaires et la prévention de la délinquance. «Nous vous proposons d’abandonner la commande de nouvelles caméras ou de les revendre à la ville de Bordeaux si elles sont déjà achetées ! Pour celles qui sont déjà en activité, elles pourraient servir à surveiller les bâtiments publics pour éviter les dégradations.»

                          Des moyens humains derrière les caméras

Le son de cloche est tout à fait différent sur les bancs de la droite. «Bien évidemment, la vidéo protection ne résoudra pas tout du jour au lendemain. Mais, elle est aujourd’hui incontestablement reconnue comme parfait outil d’aide à l’intervention des polices municipale et nationale tant à titre préventif que répressif.»

Un avis partagé par Benoit Caron, son alter-ego. «Nous ne sommes pas des obnubilés de la vidéo surveillance, ni des geeks de la caméra, mais ce système fonctionne si on lui on donne les moyens de fonctionner… » En filigrane, Benoit Caron attend des hommes derrière les caméras pour faire intervenir les forces de l’ordre au plus vite en cas de violences et d’incivilités.

La polémique du jour. La question de la vidéosurveillance n’a pas fait l’objet d’un vote, lundi dernier au conseil municipal, provoquant la réaction de l’opposition municipale. «Madame la maire, vous faites le choix prudent de soumettre à notre assemblée une simple « information ». Pourquoi ? Certainement pour éviter un vote à main levée ! Certainement pour éviter d’être témoin d’une majorité divisée ! Certainement pour éviter de montrer aux Rennais une réalité politique à laquelle vous êtes pourtant bel et bien confrontée… Nous sommes bien loin de la véritable petite révolution démocratique à laquelle vous faites pourtant si souvent allusion depuis la rentrée des classes… »

Des hommes-caméras. Dans une logique de sécurisation des agents, la Ville de Rennes a équipé les agents de la police municipale début octobre de caméras portatives individuelles (une par patrouille). Les policiers municipaux pourront enregistrer leurs interventions afin de lutter contre les agressions verbales ou physiques dont ils ont font souvent l’objet !

La phrase du jour. «Cet outil ne permet de couvrir que des zones limitées et son effet principal sur la délinquance est surtout de la déplacer », explique Ana Sohier, élue de la majorité municipale.

 

Jean-Christophe COLLET
Jean-Christophe COLLET
J-C Collet est journaliste et auteur (Lieux romantiques à Paris, Bretagne Chic, On dit qu'en Bretagne, Bretagne pas chère, Livre blanc sur le Nucléaire...).

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