Comme chacun sait, Victor Hugo fut exilé de nombreuses années, à Guernesey, en face de SaintMalo. Sa « Hauteville house » se visite encore aujourd’hui par des milliers de touristes. Mais quel était son rapport à l’Ouest ? Le 9 mai 1935, le journal Ouest-Éclair évoquait le 9 mai 1935 son rapport avec notre région, à l’occasion du cinquantenaire de sa mort. « C’est pendant la guerre de Vendée que Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo, capitaine adjudant-major des armées de la République, rencontra celle dont il fit sa femme et qui devint la mère du poète », écrivait le journal. « Elle s’appelait Sophie Trébuchet. Elle était fille d’un armateur de Nantes, catholique et royaliste. » Mais Sophie Trébuchet ne partageait pas toutes les idées de son père, assure Hugo dans son autobiographie Victor Hugo, raconté par, un témoin de sa vie. « Elle était petite, mignonne des mains et des pieds d’enfant : elle avait quelques traces de petite vérole, mais qui disparaissait dans l’extrême finesse de sa physionomie et dans son regard intelligent ».
Victor Hugo aurait pu naître à Nantes
Fils d’officier, Victor Hugo, né à Besançon, aurait ainsi pu voir le jour, par le caprice des mutations militaires, aussi bien à Nantes. « Quoi qu’il en soit, un sang breton coula en ses veines. Et s’il tient du général Hugo le goût du panache, du cuivre et de la grandiloquence, peut-être est-ce tout simplement à la fille de l’armateur breton qu’il doit ses élans de bonté, de tendresse, et tout ce qu’il y a de doux et de mélodieux dans sa poésie. »
Est-ce aussi en partie en raison de cette ascendance, que le jeune Hugo s’enthousiasma à la lecture du Génie du Christianisme ? Il alla faire visite au grand homme de Combourg. Et il fut très ému, gêné par l’attitude de Chateaubriand, qu’il trouvât glacée, et qui fut pourtant charmante. « Monsieur Hugo, lui dit Châteaubriand. Je suis enchanté de vous voir. J’ai lu vos vers, ceux que vous avez faits sur la Vendée et ceux que vous venez de faire sur ta mort du duc de Berry. Il y a surtout, dans les derniers, des choses qu’aucun poète de ce temps n’aurait pu écrire. Mes vieilles années et mon expérience me donnent malheureusement le droit d’être franc. Et je vous dis sincèrement qu’il y a des passages que j’aime moins ; mais ce qui est beau dans vos odes est très beau. »
Lorsque Châteaubriand fut nommé ambassadeur à Berlin en 1820, Victor. Hugo, qui avait alors dix-huit ans, alla le féliciter et lui dire adieu. « Comment adieu ? » fit l’ambassadeur, mais vous venez avec moi. Victor ouvrit de grands yeux. « Oui, reprit Châteaubriand, je vous ai attaché à l’ambassade sans vous en demander la permission, et je vous emmène. » Le jeune homme remercia ému le grand écrivain de son intention, mais il lui déclara qu’il ne pouvait quitter sa mère. « Est-ce seulement votre mère ? demanda Chateaubriand, faisant allusion à Adèle Foucher qu’Hugo commençait déjà à courtiser. « Allons, vous êtes libre. Mais je suis fâché que cela ne se puisse pas. C’eût été honorable pour nous deux.”
Victor Hugo quelque temps après devait faire la connaissance d’un autre Breton et Malouin, l’abbé de Lamennais. Il avait été amené à lui par son ami le jeune duc de Rohan, séminariste. « Par une coïncidence curieuse, il le trouva aux Feuillantines dans l’appartement même où il avait passé son enfance. Il revit son ancien domicile dans le même état, sauf qu’il était encombré de malles et de paquets, car Lamennais s’en allait le soir même. » Le poète dépeint le prêtre comme « un petit homme chétif, bilieux de visage, aux grands beaux yeux inquiets, et dont le nez dissimulait presque le menton. Ce qu’il avait de plus frappant c’était le contraste de l’expression presque enfantine de sa bouche avec les autres traits de son visage tourmenté et nerveux. Il portait une redingote usée de gros drap gris qui laissait voir une chemise de toile bise et une cravate, autrefois de sole noire, qui était maintenant une ficelle. Le pantalon écourté atteignait à peine la cheville amaigrie et se continuait par de bas bleus déteints. À chaque pas, on entendait sonner le triple rang de clous qui consolidait grossièrement des souliers de paysan ». Peu de temps après. Victor Hugo annonçait au prêtre son prochain mariage avec Adèle Foucher. « Il en reçut une lettre de conseils et de bénédictions, austère, solennelle comme un sermon, mais qui laissait percer l’affection ». Et à son retour Paris, ce fut l’abbé de Lamennais qui donna à Hugo pour son mariage religieux, le billet de confession.
Infos + : Victor Hugo fut de passage à Rennes, le 7 août 1834. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fut pas ébloui par notre ville (voir l’article d’Ouest-Eclair sur le site de WikiRennes : https://www.wiki-rennes.fr/Rue_Victor_Hugo)