Le chef-d’œuvre emblématique du Musée des Beaux-Arts de Rennes, Le Nouveau-né de Georges de La Tour, s’offre une parenthèse parisienne. Prêté au Musée Jacquemart-André pour l’exposition Georges de La Tour, Entre ombres et lumières (jusqu’au 25 janvier 2026), il laisse temporairement un vide dans les salles rennaises.
Mais un vide aussitôt comblé — et de quelle manière. En échange, le musée accueille un autre maître du clair-obscur : Rembrandt, avec son œuvre poignante Les Pèlerins d’Emmaüs, habituellement conservée au Musée Jacquemart-André à Paris.
Ce passage de témoin symbolique offre au public une occasion rare d’admirer un chef-d’œuvre de la jeunesse de Rembrandt. Peinte vers 1628, cette huile sur panneau (39 x 42 cm), représentant les pèlerins d’Emmaüs, incarne à merveille l’art du talentueux hollandais. il illustre un épisode raconté par l’évangéliste Luc : la rencontre du Christ ressuscité avec deux disciples, sur le chemin d’Emmaüs.
Dans une auberge modeste, les convives sont attablés, une servante s’affaire à l’arrière-plan. Rien d’extraordinaire — jusqu’à ce que la lumière fasse basculer la scène en révélant le visage du Christ, presque immatériel, dans le contre-jour. En exploitant la technique du clair-obscur héritée du Caravage, Rembrandt réussit, là, un équilibre parfait entre mystère, humilité et puissance spirituelle.
« Rembrandt a revisité le thème d’Emmaüs à plusieurs reprises tout au long de sa carrière, mais aucune version n’égale celle-ci dans sa simplicité et son intensité », indique le musée Jacquemart dans la présentation de cette oeuvre. La lumière, plus qu’un artifice, y devient le langage même de la foi. À voir au plus vite au Musée des Beaux-Arts de Rennes, jusqu’au retour du chef-d’œuvre de Georges de La Tour.


