Fidèles du cinéma rennais L’Arvor, les producteurs Frank et Marie-Laurence Delaunay songeaient souvent, de leurs fenêtres, au futur départ de leur voisin de la rue d’Antrain et à ce qui pouvait être réalisé sur le sujet. Et, comme par hasard, Corentin Massiot et Corentin Doucet sont passés par-là avec leur projet en poche…
En pénétrant dans les coulisses, les deux jeunes réalisateurs ont ainsi commencé, début 2019, à filmer des rushs sur la vie des salariés et bénévoles du cinéma mythique, presque cinquantenaire. Puis l’idée du film a émergé fort logiquement du contexte mouvant et incertain. Le tournage durera plus que prévu : plus de deux ans en raison de l’épidémie.
Les deux férus de l’Arvor, travaillant déjà dans le milieu du cinéma, ont eu pour objectif de réaliser à la fois un portrait d’une salle de cinéma d’Art et essai et des cinéphiles la fréquentant. À cela s’est ajoutée, en parallèle, la trame du déménagement de la mythique salle de la rue d’Antrain vers le sud gare dans des locaux tout neufs ; d’où le titre de 2 à 5, c’est-à-dire du passage de 2 à 5 salles. « Le matériau narratif s’est enrichi, au son des musiques et des voix off, d’une réflexion sur le sens et l’évolution du cinéma », ajoute l’un des spectateurs.
On découvre dans ce film la particularité du public de l’Arvor, des cinéphiles passionnés, qui se rendaient même plusieurs fois par semaine au cinéma, et qui en faisaient un rite d’existence. « Ils sont comme les supporters du Stade Rennais. Le club descendrait en ligue 2, ils viendraient au match quand même », explique Patrick Fretel, l’un des passeurs de l’Arvor.
Les jeunes générations auront-elles la même veine cinéphile ? », s’interroge Antonin Moreau, l’animateur de l’émission Le cinéma est mort
Dans le nouvel Arvor, cinq salles proposées permettront de passer tous les genres de cinéma. Elles sont déjà pleines. Depuis l’ouverture du 19 mai dernier, 62000 personnes sont venues au nouvel Arvor. Patrick Fretel vise encore mieux : 250000 visiteurs ! A Rennes, on résiste mieux à la désaffection des cinéphiles. Grâce aux salariés et bénévoles de l’Arvor qui se battent pour faire perdurer la « cinémania ». Plus que le spectacle-même, c’est une philosophie de vie qui s’y joue et opère.