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vendredi 7 février 2025
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« UN APPEL QUI S’EST IMPOSÉ À MOI »

Le 2 février prochain, Matthieu Laumonier (un nom sans doute prédestiné) sera ordonné prêtre à la cathédrale Saint-Pierre de Rennes, à 15 h. Après six ans de formation dans un séminaire, cet ancien étudiant en médecine s’apprête à consacrer sa vie à l’Église. Il revient sur son parcours, sa vocation et sa vision du ministère.

COMMENT AVEZ-VOUS REÇU L’APPEL À DEVENIR PRÊTRE ?

Je ne peux pas dire exactement quand je l’ai entendu, mais je peux le situer clairement à la fin de mon lycée, au début de ma période étudiante. Dans ma vie de prière, dans des veillées silencieuses, j’ai entendu résonner en moi l’appel à devenir prêtre. C’est à cet instant qu’est né un désir, cet Esprit Saint de donner ma vie à Dieu.

VOUS AVEZ MIS SIX ANS AVANT D’ENTRER AU SÉMINAIRE. POURQUOI CE TEMPS D’ATTENTE ?

J’ai pris le temps d’éprouver cet appel, de vérifier s’il était bien réel. Je voulais être sûr que ce choix venait de Dieu et non d’une impulsion passagère. À l’époque, j’étais étudiant en médecine, une discipline qui me passionnait. Il m’a fallu du temps pour discerner et comprendre que mon chemin était ailleurs. J’ai mis six ans avant de poser l’acte fort de demander à rentrer au séminaire.

LA MÉDECINE A-T-ELLE INFLUENCÉ VOTRE VOCATION ?

Ce n’était pas anodin d’arrêter. Mais ce temps d’études a été bon pour éprouver encore une fois cet appel du Seigneur. En médecine, j’ai vécu des expériences marquantes à l’hôpital, notamment en soins palliatifs. Accompagner des patients en fin de vie m’a confronté à des questions spirituelles essentielles. Beaucoup se demandaient ce qu’il y avait après. Cela a nourri ma réflexion et confirmé mon désir d’être présent auprès des autres, non plus comme médecin, mais comme prêtre. J’ai décidé d’arrêter mes études pour pouvoir me consacrer entièrement à cette question d’accompagnement spirituel des personnes.

COMMENT SE DÉROULE LA FORMATION D’UN FUTUR PRÊTRE AU SÉMINAIRE ?

La première année est une période d’approfondissement spirituel, à Saint-Pern. À l’écart du monde, avec d’autres candidats au séminaire, nous nous sommes retirés pour prier, lire la Bible et vivre en fraternité. Après, je suis parti cinq ans à la demande de l’évêque de Rennes, dans un séminaire, à Avignon. Là-bas, j’ai suivi des cours de philosophie, de théologie, d’exégèse biblique, mais aussi de sciences humaines comme la psychologie. J’ai fait ma formation dans un cadre universitaire, une université de théologie, où les étudiants n’étaient pas forcément séminaristes. Cela m’a permis d’échanger avec des personnes engagées dans différents parcours de foi.

DANS VOTRE VIE DE PRÊTRE, VOUS AUREZ SANS DOUTE DES QUESTIONNEMENTS. COMMENT COMPTEZ-VOUS LES APPRÉHENDER ?

S’engager aujourd’hui, c’est comme s’engager dans le mariage ou dans toute relation que l’on veut fidèle. Mais cela n’enlève absolument pas pour moi la certitude qu’il y aura des combats plus tard, qu’il y aura des remises en question. C’est humain ! Mais ce qui pour moi est une force, c’est que je sais que je vais pouvoir m’appuyer sur Dieu et que Dieu est fidèle.

COMMENT APPRÉHENDEZ-VOUS CE MOMENT ?

Avec sérénité et un peu effrayé par l’engouement que suscite l’événement et par la joie des gens. Ce sera un moment fort, notamment lorsque je m’allongerai au sol pour invoquer la prière des saints. C’est un geste d’abandon total à Dieu. Un autre moment marquant sera l’accueil dans le presbyterium : tous les prêtres présents viendront un à un me saluer, marquant ainsi mon entrée dans cette grande communauté.

COMMENT VOTRE FAMILLE VIVRA-T-ELLE CE MOMENT ?

Dans ma famille, tout le monde n’est pas chrétien. Beaucoup ont été surpris. Mais, ils ont respecté mon choix, mon cheminement. C’est pour moi une grande joie de voir leur bonheur, aujourd’hui.

APRÈS VOTRE ORDINATION, OÙ SEREZ-VOUS ENVOYÉ ?

C’est l’archevêque qui l’annoncera à la fin de la célébration. Aujourd’hui, je suis diacre à Bruz, il est possible que je reste dans cette paroisse. Je suis prêt à aller là où l’Église aura besoin de moi.

COMMENT ENVISAGEZ-VOUS VOTRE MINISTÈRE ?

C’est difficile de le dire à l’avance puisque tout dépend de la mission que vous recevez. Je n’ai pas de modèle figé. Chaque prêtre est unique, a sa propre manière d’exercer son ministère. Nous avons tous des manières différentes d’habiter la mission. Pour ma part, je suis attaché à la rencontre avec le monde, au dialogue avec ceux qui ne partagent pas forcément la foi. J’aime l’idée d’être présent dans la vie quotidienne, sur un marché, à la boulangerie, ou en rendant visite aux familles.

AUREZ-VOUS DES MOMENTS DE RESPIRATION, EN DEHORS DE VOTRE MISSION ?

Bien sûr ! Comme tout le monde, j’ai besoin de pauses. J’aime voir mes amis, partager un dîner, jouer à des jeux de société. Le sport est aussi important pour moi, notamment l’escalade et la natation. J’adore la montagne et j’espère pouvoir partir quelques jours après l’ordination pour respirer un peu.

AVEZ-VOUS UN PLAN DE CARRIÈRE EN TÊTE ? SOUHAITEZ-VOUS DEVENIR ÉVÊQUE ?

C’est une très bonne question ! Mais j’ai toujours du mal à y répondre dans le langage non ecclésiastique. J’ose espérer qu’il n’existe pas de plan de carrière. Un prêtre ne choisit pas en effet de devenir évêque, c’est une mission qui est confiée par l’Église. Il n’y a pas d’ambition ou de promotion dans ce chemin. Je vais là où Dieu me veut, et je sais que c’est en répondant à son appel que je trouverai la joie et l’épanouissement.

jean-christophe collet
jean-christophe collet
Lancé par le journaliste Jean-Christophe Collet en 2012/2013, www.rennes-infos-autrement.fr devient un site d’informations en 2015 et est reconnu comme site d’informations en ligne par le ministère de la Culture et de la communication.

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