À l’issue d’un scrutin serré, marqué par une succès étriqué (selon Le Figaro), Yaël Braun-Pivet a retrouvé le perchoir de l’Assemblée nationale, ce jeudi 18 juillet. Malgré la déroute de son mouvement aux dernières élections législatives, elle a été réélue présidente avec 220 voix, contre 207 pour le communiste André Chassaigne et 142 pour le député Rassemblement national, Sébastien Chenu.
Obtenue de justesse, sa victoire cache des tractations politiques. Elle a bénéficié du ralliement de la droite LR, de Horizons et du groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). Devancée au premier tour, la représentante des Yvelines retrouve son poste contre toute attente, grâce à des négociations secrètes qui laissent un goût amer pour ceux qui s’intéressent à la démocratie.
« Cette absence de changement après une défaite aux législatives du camp présidentiel interroge », explique le journal Libération. Bien que son mouvement n’ait pas la majorité dans l’hémicycle et malgré la sanction des Français contre le président Emmanuel Macron, Yaël Braun-Pivet, 53 ans, reste le quatrième personnage de l’État. Elle devient ainsi le symbole d’une « élection volée » (comme le dénonce ce matin le NFP) et d’un système en fin de course.
Certes, Yaël Braun-Pivet est compétente (ou expérimentée). Elle pourrait même être perçue comme la moins pire des solutions. Mais quelle image renvoie-t-on aux Français ? « En France, on peut être battu à une élection et retrouver son poste dans la foulée », déclarait un éditorialiste sur une grande radio parisienne. Face à cette situation, des milliers de Français qui partent travailler tous les matins doivent s’interroger sur le sens d’un tel scrutin. Ceux qui ont peur de perdre leur boulot, ceux qui ne veulent pas traverser la route pour chercher un emploi et qui ont du mal à joindre les deux bouts doivent désormais se sentir trahis !
Yaël Braun-Pivet n’est sans doute pas responsable du contexte politique actuel. « On peut considérer que ce n’était pas le bon moment pour dissoudre », avait-elle affirmé dans les colonnes du journal Le Monde. Mais l’ancienne avocate de Neuilly, symbole du macronisme et issue de la société civile, aurait pu choisir de ne pas se représenter au perchoir. Elle aurait pu laisser sa place à une autre personne pour diriger l’Assemblée nationale. Elle aurait eu de la classe !
« Cette élection m’oblige plus que jamais », a-t-elle déclaré après son élection. « Cette Assemblée nationale est peut-être plus représentative que jamais des Français, et peut-être aussi plus divisée que jamais. Nous devons nous entendre, nous devons coopérer, nous devons être capables de rechercher des compromis, de dialoguer, de nous écouter et d’avancer. » Mais sa désignation ne fait au contraire que fragmenter davantage la France. Elle creuse encore plus le fossé entre le pays réel et le pays légal, donnant sens à l’adage populaire : « On prend les mêmes et on recommence ! »