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jeudi 25 avril 2024
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TÉMOIGNAGE D’UNE PHARMACIENNE : NOUS SOMMES UN PEU DÉMUNIS !

Elle s’appelle Sophie (prénom d’emprunt). Elle est pharmacienne à Rennes et, depuis quelques jours, elle travaille avec ses collaboratrices pour fournir des médicaments aux Rennais. Comme beaucoup de ses confrères, elle est en première ligne contre cette guerre sanitaire. « Il y a quelques jours déjà, des patients venaient nous voir à la pharmacie pour de la toux et de la fièvre », explique-t-elle. « Impossible de savoir si c’était le coronavirus car je ne suis pas médecin, mais ils étaient dans un sale état, presque couchés sur le comptoir. »

                       Pas de masques jusqu’à mardi !

Sophie et ses collaborateurs font face tant bien que mal. « Nous avons mis en place un système de circulation des clients dans l’officine avec les moyens du bord et du scotch noir », confie-t-elle. « Depuis, les gens sont assez respectueux des distances et des sens de circulation. » Tenue d’ouvrir par le Gouvernement, elle et ses collègues sont munis seulement depuis lundi de masques de protection ! « Nous n’en avions pas avant. Dans la dotation de l’État, nous n’étions pas considérés dans la liste des professionnels de santé. J’ai donné mon stock à tous les médecins de ville qui m’en demandaient. Bête et disciplinée, je n’ai pas gardé de boîtes pour mes collaborateurs et moi-même ! Heureusement, un ami dentiste ayant cessé ses consultations m’a donné les siens. »

                     Des gens sont venus demander dix boites !

Comme ses confrères, Sophie trouve « scandaleux » de ne pas avoir été fournie en masque ! « Nous sommes en première ligne. Nous sommes quand même extrêmement exposés. Les gens entrent dans la pharmacie comme ils entrent dans une boulangerie. Ils viennent chez nous spontanément et… des malades, avec de la fièvre et de la toux, nous en avons toute la journée ! C’est un peu dur. » Régulièrement, la pharmacienne essaie d’imposer le paiement sans contact pour l’achat de médicaments. « Le plus souvent possible, je nettoie nos comptoirs à l’eau de javel, je désinfecte les téléphones les lecteurs de carte vitale », ajoute-t-elle. « Je le fais au maximum avec de l’alcool à 90 degrés. On fait tout ce que l’on peut dès qu’on peut. Mais je vous avoue que nous sommes un peu démunis ! « 

Depuis quelques jours, la pharmacienne applique rigoureusement les recommandations de ses autorités de tutelle. « De nombreux rennais veulent acheter du doliprane », explique-t-elle. « Mais nous avons pour consigne de contingenter ce paracétamol en délivrant une boîte quand la personne n’a pas de symptômes et deux boîtes en cas de douleur et de fièvre ou encore de prescriptions médicales.  Encore hier, on nous demandait parfois 10 boîtes ! On a senti chez les gens le besoin de stocker. C’était complètement dingue avant mardi midi. Depuis c’est bien plus calme. La vie s’est un peu arrêtée. »

                Plus de masques, de thermomètres, de gants et de gels

De masques pour ses clients, Sophie n’en a plus non plus. « Depuis janvier, nous n’avons plus de stocks et nous ne pouvions plus en commander ! », explique-t-elle. « Nous en avons toutefois reçu il y a deux semaines mais comme je vous le disais ils étaient donnés aux médecins de ville. Nous avions interdiction de les vendre. » Même pénurie pour les gels hydroalcooliques. « Depuis fin janvier, mes commandes n’ont pas été honorées. Ces produits étaient peut-être déjà en Chine ! Tout est parti vraiment très vite à l’exception d’une petite dotation que j’ai eue il y a quinze jours. Mais nous avons tout vendu en deux heures. Depuis, je n’ai plus rien. »

Sophie espère en recevoir bien d’autres gels, sans trop y croire. « On est dans le flou. Il y a quand même un problème grave de matières premières.  il n’y a plus d’éthanol ! Il faudra du temps pour en trouver et en transporter vers les fabricants.  C’est tout de même un produit inflammable difficile à produire !, assure-t-elle. Comme ses collaboratrices, Sophie éprouve aujourd’hui de l’anxiété. « On ne maîtrise rien du tout ! On est dans l’inconnu et on se demande vraiment comment cela vont se passer les prochains jours. Mais on n’a pas le choix. Nous devons tenir. » Heureusement, elle peut compter sur ses confrères. « Je fais partie d’un groupement régional de pharmaciens au sein duquel il y a énormément de solidarité. J’ai profité de cette entraide pour avoir des idées. » La solidarité est désormais partout. « Depuis quelques jours, je reçois beaucoup d’encouragements de mes clients. Dans l’ensemble, les gens sont très sympas.  » De quoi garder le moral face à la pandémie.

Jean-Christophe COLLET
Jean-Christophe COLLET
J-C Collet est journaliste et auteur (Lieux romantiques à Paris, Bretagne Chic, On dit qu'en Bretagne, Bretagne pas chère, Livre blanc sur le Nucléaire...).

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