Comme beaucoup de policiers, Marc (prénom d’emprunt et représentant syndical) est atterré par l’attitude des Français, à l’heure de la crise du coronavirus. « Encore trop de gens ne jouent pas le jeu avec parfois des comportements très limites », confie-t-il. « Jeudi dernier, à la sortie du commissariat, devant le Colombia, j’ai croisé un jeune homme de 25 ans, cigarette à la main. Il m’a présenté son attestation pour activité sportive ! »
Des attitudes à peine croyables !
Ce matin, encore au rond-point du Stade rennais, ses collègues ont contrôlé une personne à pied, se promenant sans raison. « A 8 heures du matin, il pensait échapper au contrôle. De nombreux Rennais vont aujourd’hui récupérer des colis à la poste, promènent leurs chiens durant de longues heures sous les fenêtres même de notre commissariat. C’est à peine croyable », ajoute-t-il.
Mobilisés, les policiers sont sur le pied de guerre. « Un agent sur deux, voire deux sur trois, travaillent aujourd’hui au commissariat de police de Rennes. Pourquoi ce choix ? Nous voulons conserver des forces vives pour les semaines à venir », explique Marc. Mais dans les brigades intervenant sur la voie publique, ils sont toujours aussi nombreux. « Les écoles de police ayant été fermées, beaucoup d’élèves sont parmi nous. Une vingtaine est arrivée ce matin. »
Comme tous les Français, les policiers en patrouille ne circulent pas en nombre pour montrer l’exemple. Comme tous les Français, les policiers ont quelques malades parmi eux. » « On a appris la maladie de l’un d’entre nous, ce matin. C’est probable qu’il soit touché par le coronavirus. D’autres sont aussi confinés après avoir approché les gens contaminés. »
Des masques bientôt
Aujourd’hui, la plupart des missions est affectée aux contrôles sur la voie publique. « Nous n’avons pratiquement plus d’affaires à l’exception de violences conjugales », ajoute-t-il. Mais les « contrôles » ne se font pas toujours dans de bonnes conditions. « Pour vérifier les papiers des automobilistes, nous sommes obligés d’être forcément à moins d’un mètre d’eux ! Heureusement, les masques arrivent aujourd’hui. Ils pourront être mis au moment de la vérification pour protéger la personne interpellée et nous-mêmes. »
Dans certains quartiers les contrôles restent malheureusement plus difficiles. « Beaucoup n’en ont rien à faire ! Ils croient encore que cela ne leur arrivera pas », assure-t-il. Mais pas de quoi entamer le moral de la police. « On ne doit pas se plaindre ! Lors de la première guerre mondiale, nos poilus étaient confinés dans les tranchées à moins d’un mètre de large… »