Les commerçants non-bouchers de la halle des bouchers, au marché des Lices, sont en colère. À partir du 1er janvier 2025, ils devront payer un tarif bien plus élevé pour leurs étals, ce qu’ils jugent injuste et inapplicable dans les conditions actuelles. « C’est comme si on voulait tuer le commerce », s’indigne Bertrand Dauleux, chocolatier et porte-parole. « Il y a douze ans, nous avions accepté de nous installer dans cet espace, encouragés par la ville, pour redynamiser cet espace. Mais aujourd’hui, on nous impose le tarif des bouchers : 25 euros pour deux mètres d’étal, contre 4,30 euros aujourd’hui, soit une augmentation de 500 % ! »
« Une Augmentation Sans Contrepartie »
Pour beaucoup d’entre eux, une hausse peut se justifier lorsqu’elle s’accompagne d’une amélioration des infrastructures ou de services supplémentaires. Ce n’est pourtant pas le cas ici. « En général, quand les tarifs augmentent, c’est pour compenser de nouvelles prestations ou des travaux de modernisation. Mais là, rien ne change. Au contraire, l’état de la halle est lamentable. Depuis quarante ans, l’endroit n’a pas été nettoyé. Il est infesté de rats. Nous avons même des câbles de nos vitrines réfrigérées qui sont dévorés par les rongeurs. C’est inadmissible de payer cinq fois plus cher pour des conditions qui se dégradent ! », s’insurge un commerçant qui souhaite rester anonyme.
Chaque samedi, les problèmes sanitaires sont au cœur des préoccupations. « Le matin, les bouchers doivent commencer leur journée en nettoyant les déjections de ces nuisibles. La ville n’intervient pas, mais elle n’hésite pas à augmenter les coûts », peste Bertrand Dauleux. Une pétition a été lancée pour exiger un lavage en profondeur de la halle, recueillant plus de 120 signatures en quelques jours. Contactée par les commerçants, la ville de Rennes justifie cette augmentation par une harmonisation des tarifs et par une concertation. « C’est faux ! Nous n’avons jamais eu notre mot à dire. Même le syndicat s’est fait berner. » Pour les commerçants du marché, l’avenir est plus incertain que jamais. « Si la situation ne change pas, beaucoup d’entre nous devront quitter les Lices. C’est la fin d’une époque et l’attractivité des lieux va en pâtir. Les clients ne viennent pas seulement pour les bouchers, ils se déplacent pour l’ensemble de l’offre. Si nous partons, tout le monde en souffrira », estime Bertrand Dauleux.