Courtier en travaux, Christophe entend depuis quelques semaines la même musique sur les chantiers rennais, malouins et briochins. « Les entreprises manquent de carrelage, de bois, de ferraille, de peinture, de verre, de matériaux isolants ainsi que de placo », assure-t-il. « Nous sommes en pénurie de tous les matériaux de construction, principalement le bois », confirme Bretagne Matériaux. « Et quand il n’y a pas de difficultés, comme pour le carrelage, ce sont les délais d’approvisionnement qui deviennent compliqués. Heureusement, certains produits locaux comme le béton ne sont pas impactés. »
Pour les aménagements extérieurs (terrasses…), la demande a été énorme », explique Bretagne Matériaux (23 agences).
Mais comment expliquer cette pénurie ? Les raisons en sont multiples. « La Covid a désorganisé les filières d’approvisionnement », assure un professionnel du bâtiment. « Les productions sont au ralenti et le prix du transport est devenu important. Enfin, certains pays conservent leurs matériaux pour leurs propres chantiers. » Face à ce manque de matériaux, la spéculation devient le maître-mot chez les fournisseurs. « Les prix flambent (100 % d’augmentation pour la ferraille) », assure un chef d’entreprise spécialisé dans le gros œuvre. « C’est devenu du grand n’importe quoi. » Même son de cloche pour le groupe Legendre. « Nous subissons une hausse du prix de l’acier, matériau que nous utilisons beaucoup, de 30% voire 50% depuis l’été dernier. »
Les fournisseurs nous imposent des hausses que nous sommes obligés de répercuter. » Bretagne Matériaux.
« De manière générale, le cours des matériaux de construction connaît une hausse de de 20 à 50 %, « confirme le magazine Batimat. « Cette envolée des prix a commencé par l’acier, mais elle s’est très vite étendue à d’autres matériaux comme le cuivre, le bois de construction, les plastiques ou encore le polyuréthane. » Dans le bois, le groupe Gipen (groupement français d’entreprises de fabrication de bois) évalue l’augmentation du prix du m3 à entre 20 et 50 euros, en fonction des essences de bois (source la Dépêche). Dans le verre, les particuliers font en revanche face à une hausse des prix de plus de 30%. « Les délais de livraison des fenêtres sont ainsi fortement rallongés, entraînant par ricochet des difficultés dans la livraison des chantiers », convient le journal du Sud.
Face à cette difficulté d’approvisionnement et à l’inflation des prix, le risque est grand. « Les travaux pourraient s’arrêter et les délais de livraison non respectés », ajoute Christophe. Pour éviter de tels désagréments, la Fédération française du bâtiment (FFB) a écrit au ministre de l’Économie pour demander aux autorités de « geler les pénalités en cas de pénurie de matériaux avérée ». « Nous espérons, ajoute Olivier Salleron, son président dans Le Figaro, une stabilisation de la situation dans 6 mois, le temps que les chaînes de production soient remises à 100% ».
Une pénurie de main d’oeuvre. « Depuis la crise de 2008 et celle sanitaire, beaucoup de nos anciens sont partis à la retraite », admet un chef d’entreprise. « Nous travaillons désormais parfois avec des gens peu qualifiés. Nous vivons donc tant une pénurie de main d’œuvre que de matériaux. »