Lors du dernier conseil municipal, ce lundi 18 septembre, Charles Compagnon, leader de l’opposition (centre-droit), est revenu sur le trafic de stupéfiants dans le quartier du Gros-Chêne (Maurepas). « On est plus près d’un décor du Bronx dans les années 80 que d’un complexe commercial de quartier à Rennes », assène-t-il. « À l’Est, l’on trouve les “chouffeurs”, capuche sur la tête, non loin des services sociaux. A côté du bureau de tabac de presse, l’on découvre encore les dealers. La sono est à fond et le “DJ” est confortablement installé sur une chaise pliante. »
Face à cette situation, Charles Compagnon n’épargne pas la maire. « Depuis combien de temps, n’êtes-vous pas allée sur place pour vérifier ce que vivent les Rennaises et les Rennais ? », s’interroge-t-il. « Et quand je parle de s’y rendre, c’est évidemment sans escorte policière, sans consignes de visite anticipée et sans médias. » Devant ce contexte, Charles Compagnon déplore la résignation. « Le niveau de découragement est inquiétant. Nous avons déjà proposé plusieurs solutions depuis le début du mandat. Nous les tenons de nouveau à votre disposition le jour où vous vous intéresserez sérieusement au bien-être des habitants du quartier. Mais pour cela, encore une fois, il vous faudra choisir entre vos alliances politiciennes et le pragmatisme d’une politique de sécurité efficace pour nos concitoyens. »
La rénovation de la dalle : c’est tant mieux, et heureux. Mais c’est long surtout, pour les résidants et les commerçants. » Charles Compagnon.
Adjointe au maire, déléguée du quartier de Maurepas, Marion Deniaud a tenu à apporter sa pierre à l’édifice. « On ne nie pas du tout la réalité de la situation. Par contre, ce qu’il faut réaffirmer, c’est notre engagement sur le projet urbain de réhabilitation de toute la zone, en concertation avec les commerçants et les habitants. Nous ouvrons bientôt une pharmacie, le musée des Beaux-arts et un espace d’accueil pour enfant. » À la différence de Charles Compagnon, elle veut évoquer « en bien » le quartier. « Les riverains en ont marre d’entendre parler de Maurepas dans les médias et dans ce conseil municipal, sur des questions de sécurité uniquement. Il y a aussi une autre réalité qui est l’engagement associatif, des jeunes, des éducateurs, médiateurs et collectivités. On pourra en discuter dans un autre cadre. »
Oui, il y a une exaspération légitime des habitants sur ce secteur comme sur d’autres, sur les effets du trafic de stupéfiants et ce qu’ils subissent au quotidien. Nathalie Appéré
Mais l’appel de l’élue de la majorité n’a pas été entendu par sa propre chef de file ! Piquée au vif par les propos de Charles Compagnon, Nathalie Appéré est revenue longuement sur le trafic. « Remettre en cause notre engagement sur le quartier de Maurepas n’est pas acceptable, monsieur Compagnon. Il ne suffit pas de faire une vidéo tous les vendredis après 12 h pour connaître la ville et penser que les autres n’y vont jamais. » Pour prouver son action, elle invoque un chiffre : 750 millions d’euros pour la rénovation urbaine. « Je me suis battue pour construire dans des temps record des projets qui soient conventionnés, financés et reconnus par l’ensemble des partenaires. Il n’y a pas au niveau national d’opération de restauration urbaine qui avance aussi vite que celle rennaise. »
Régulièrement, Nathalie Appéré assure être sur le terrain. « Il y a quelques jours, nous sommes allés à l’ouverture de l’école Toni-Morrisson, sans médias, sans escorte, pour échanger avec les équipes éducatives et les parents. L’adjointe au maire de la sûreté tient à disposition le compte rendu systématique des cellules de veille sur ce secteur, où sont évoquées, sans tabou et sans idéologie, les problématiques de sécurité. »
Sans escorte et sans caméra, nous avons, en permanence, des discussions sur la sécurité et le trafic à Maurepas. Nathalie appéré
Contre les dealers Nathalie Appéré ne nie pas les efforts de l’État dans le renforcement des moyens policiers. « Chacun prend sa part et, en ce qui nous concerne, nous la prenons largement de manière parfaitement pragmatique. Ce trafic gangrène le quotidien des quartiers. Il nécessite une conscience collective pour trouver des solutions et activer l’ensemble des leviers au niveau national, comme au degré européen. »
Car Rennes n’est pas la seule vile concernée ! Elle cite Marseille, Montpellier, Nice… « Ces questionnements-là sont partout. Il nous faut les regarder avec lucidité, tout en continuant à y prendre notre part et notre très grande part de responsabilité. » Il y a peu, d’après nos infos, la présidente d’un pôle associatif du Gros-Chêne a eu le droit à une escorte pour sortir en toute sécurité de son travail. Mais elle n’a pas obtenu la vidéosurveillance qu’elle souhaitait auprès des associations présentes dans sa structure (c’était contraire à leurs principes). Elle aurait depuis décroché un autre poste… Ce qui n’est pas un bon signe à l’égard des trafiquants.