« L’ambiance est crispée et tendue, boulevard de la Tour d’Auvergne », explique une source proche de la police. Dans une affaire de stupéfiants, neuf mois d’enquêtes et d’écoute de la PJ (police judiciaire) ont été balayés par une fuite. « En devinant les smartphones braqués sur eux derrière les vitres d’une Audi, les policiers ont compris que leur briefing nocturne, mardi 23 janvier, sur le parking du Castorama de Saint-Jacques-de-la-Lande venait de prendre fin », écrit le journaliste du Monde. «Leur vaste coup de filet avait échoué. Il devait démanteler un point de « deal » du quartier du Blosne, haut lieu du trafic de stups de l’agglomération rennaise. »
Ecoeurés
« Nous sommes littéralement écœurés », indique une source judiciaire, toujours dans le Monde. « C’est un fiasco sur toute la ligne », résume un enquêteur. « Chaque jour, des dizaines d’affaires sont couronnées de succès. Cette fois, elle a échoué. Bien malin qui peut en expliquer les raisons », tempère un responsable policier. » Qui a filé le tuyau ? Pour l’heure, impossible de le savoir. Mais au fil du temps, les langues se délieront sans doute un jour.
Cette affaire de stupéfiants était menée par la police judiciaire de Rennes. Elle a mobilisé les enquêteurs pendant plusieurs mois sous l’autorité du parquet de Rennes puis dans le cadre d’une information judiciaire confiée à un juge d’instruction. « Une opération de grande envergure avait été programmée hier matin », confirme le procureur de la République de Rennes. « Pas moins de 160 policiers étaient engagés notamment appartenant au RAID et à la BRI (brigade de recherche et d’intervention. Les trafiquants ayant été manifestement avertis de cette opération, elle a dû être annulée. »
Pour en savoir plus sur les soupçons de fuite, une enquête va être rapidement confiée par le parquet de Rennes à la police des polices. « Elle permettra de rechercher les raisons de ce dysfonctionnement inadmissible et identifier les éventuels auteurs d’une violation du secret de l’instruction. L’échec de cette intervention ne vient en rien entamer notre détermination à lutter contre ces trafics qui pèsent lourdement sur la qualité de vie des riverains. » En parallèle de cette opération avortée, quatre interpellations ont été effectuées hier (dans le cadre d’une enquête du parquet confiée à la DTPJ). Elles sont en lien avec une tentative d’homicide, de violences avec arme et association de malfaiteurs, commis square de Galicie le 6 décembre (coups de feu tirés depuis un véhicule) et le 9 décembre, place de Banat (coups de feu). « Les gardes à vue sont en cours. »
Infos + « Les détracteurs de la réforme de la police entrée en vigueur le 1er janvier n’ont pas manqué d’attribuer ce ratage à la réorganisation qui a vu l’ensemble des services — PJ et sécurité publique, notamment — fusionner sous l’autorité d’un unique responsable local, le directeur départemental ou interdépartemental de la police nationale. Ce nouveau mode de fonctionnement a été critiqué pour d’éventuels risques de fuite. Certaines opérations confidentielles ont vocation à faire l’objet d’une large communication dans un souci de mutualisation et de coopération entre enquêteurs », indique le journal Le Monde.
Infos ++ : « A la suite de très fortes doléances au printemps dernier des riverains dans la zone de Rennes sud, le parquet avait pris de nombreuses initiatives. Il voulait enrayer la dégradation de la situation autour des points de revente de stupéfiants », explique le procureur de la République de Rennes.
