« Soixante-huit enfants bientôt sans toit… ce n’est pas une statistique », explique Father Fucker sur Instagram. « C’est une urgence. Notre action est un cri visuel pour rappeler que dormir dehors ne devrait jamais être une option. Derrière chaque silhouette, il y a un petit, une vie, un avenir en suspens. Nous collons ces images pour que personne ne puisse détourner le regard. »
Le lundi 31 mars 2025 marquait la fin de la trêve hivernale. À Rennes, un collectif de parents d’élèves, d’artistes engagés et de camarades de classe s’est rassemblé pour mener une opération coup de poing. Ils ont réalisé une fresque de 68 silhouettes, sur le mur de l’ancien bâtiment des archives départementales, un lieu vide, abandonné, choisi pour sa charge symbolique.
Depuis ce jour, chaque dessin représente un enfant sans-abri. Elle rend visible l’invisible. « C’est des gens de mon âge. Cela peut être mes copains. Cela peut être juste des amis de ma classe qui sont exactement comme moi, sauf qu’eux dorment dehors », a confié un jeune participant sur TVR. Autour de Father Fucker, street artist à l’origine du projet, chacun a mis la main à la pâte. Dans une ambiance festive, des familles, des enfants, des citoyens engagés se sont relayés pour apposer ces visages sur le mur.
Au-delà de l’urgence humanitaire, la fresque questionne les politiques publiques : comment peut-on tolérer que des anges logent dans la rue, alors que des bâtiments restent vides ?L’an dernier, plus de 24 000 expulsions locatives ont eu lieu en France. Cette année, ce chiffre pourrait battre un triste record. L’œuvre est visible à la station de métro Jules Ferry, à Rennes. Une composition puissante, surmontée des prénoms de chaque enfant pour rappeler l’insondable vérité.