Ancien officier de l’armée britannique, Christopher Beaumont est le seigneur de Sercq (Sark en français) depuis 2016, une île située face à Guernesey. Dans son magnifique manoir, entouré d’un jardin bucolique à souhait, il coule des jours heureux avec sa délicieuse épouse, Sarah. Après la mort de son père, il a décidé de venir vivre dans son île, bien loin de l’agitation du monde.
Dans sa belle demeure, Christopher (23e seigneur du nom) reçoit sobrement ses convives devant un agréable feu de cheminée. Pas de cérémonial avec lui ! Il faut juste savoir boire le thé et si possible parler dans un Anglais impeccable (ce qui n’est pas donné à tous !). « Pour être honnête, je n’ai plus de rôle exécutif », convient-il immédiatement. « Je n’ai plus mon mot à dire. »
Jadis, sa famille était à la tête d’une vraie monarchie féodale. Elle louait les fermes de Sercq et recevait des paysans une partie de la récolte (10 % selon nos informations). Mais depuis l’arrivée de la démocratie en 2008, le système féodal (le dernier en Europe) a été aboli et la relation financière entre les agriculteurs et le seigneur définitivement rompu ! Au sein de l’assemblée de l’île (chef-plaids), Christopher Beaumont ne parle pas ni ne vote. « À Sercq, nous disposons de notre propre gouvernement ! Nous pouvons augmenter les impôts, créer nos lois et nous avons notre propre système judiciaire», ajoute-t-il.
Propriétaire de son terrain, Christopher Beaumont paye un loyer à la couronne d’Angleterre. « J’ai l’obligation d’allégeance au monarque britannique, comme le veut notre tradition féodale », convient le seigneur. « Charles a déjà dormi dans notre demeure. Mais il n’a pas le temps de venir. En général, la famille royale se déplace pour une matinée. » Homme de devoir, il prend à cœur son rôle constitutionnel. « Je n’étais pas obligé de vivre à Sercq, mais je pense qu’il est normal que je vive ici. Avec ma femme, nous avons donc décidé que c’est ici que nous habiterions à la mort de mon père. Et c’est donc ce que nous avons fait. »
Du haut de ma demeure, je vois la France, le littoral normand. »
Bien que parlant très peu français, le seigneur se rend souvent en France, notamment dans le Bordelais. Toutefois, il n’a aucun lien politique avec notre pays ni avec le président de région Bretagne. « Parfois, le consul de France à Guernesey nous rend visite. Mais, cela fait longtemps que je ne l’ai pas vu. En Bretagne, nous avons essayé d’organiser des rencontres mais il m’est toujours très difficile de m’y rendre. Je dois prendre un navire pour Guernesey puis un autre pour la France. »
Loin du continent, Sark est étroitement liée à Guernesey. « Notre bateau ne part nulle part ailleurs.» Plus que jamais, le Seigneur de Sark veut préserver la beauté de son île et son dynamisme. « Nous essayons d’encourager les jeunes à venir vivre ici, à s’y installer avec leur famille. Nous invitons aussi les sociétés à s’iimplanter sur notre territoire grâce au télétravail. Pour le moment, nos secteurs d’activités sont le tourisme, l’aide-ménage et l’horticulture. Mais j’aimerais améliorer le niveau de nos compétences. Chez nous, vous pouvez trouver un juste équilibre entre vie professionnelle et privée. C’est un endroit calme où il fait bon vivre. On peut même jouer au cricket… » Visite possible de la Seigneurie et des jardins.