Pour trouver une défaite aussi cinglante d’un Stade rennais face à un promu en Ligue 1, il faut remonter à 2005. C’est ce que rappelle le site Rouge Mémoire : « C’était à Nancy (6-0) le 27 août 2005, avec notamment un triplé de Kroupi et un but contre son camp de Rochat. » Comment en quelques mois une équipe battant le Milan AC en coupe d’Europe peut-elle se retrouver dans une telle situation ? Comme peut-elle subir un tel revers face à Auxerre sur un tel score (4-0) ? Le 3 novembre, au stade de l’Abbé-Deschamps, il n’y a pas eu de miracle : les Rennais, alignés en 4-3-3, ont tout simplement disparu du jeu, engloutis par une prestation désastreuse.
Mais à qui la faute ? Sur les réseaux sociaux, les reproches pleuvent sur Julien Stéphan, l’entraîneur. « Il est obtus, frileux, incapable de se remettre en question », déplore un internaute. « Ses matchs sont soporifiques. » Face aux critiques, Stéphan, le visage fermé, ne cache pas son amertume. « J’ai honte pour le propriétaire, pour les supporters, pour tous ceux qui suivent ce club. C’est une prestation indigne de notre équipe. Ce que nous avons montré ce soir est loin de ce que nous avions préparé et imaginé. Félicitations à Auxerre, ils ont fait preuve de qualités, de cœur, d’engagement, autant de valeurs qui nous ont cruellement manqué. »
Dans ces quelques mots, le coach avoue son impuissance, signe sans doute son arrêt de mort. Mais il n’est pas seul à porter le fardeau de cette débâcle. Le directeur sportif, Frédéric Massara, est lui aussi la cible des critiques. Son recrutement est jugé calamiteux, sans vision ni âme. « Les recrues ne sont pas au niveau », s’agace un fan. « Ce sont des mercenaires, tout au plus, pas des joueurs de Ligue 1. » Enfin, les footballeurs eux-mêmes ne sont pas épargnés. Déjà sifflés après une victoire laborieuse contre le Havre, ils font preuve d’un manque flagrant de combativité, de cohésion, d’envie, et même de chance.
Côté dirigeants, c’est la débandade. Arnaud Pouille, nouveau président exécutif, brille par son absence, tandis qu’Alban Gréget, président du conseil d’administration, paraît bien plus absorbé par les affaires de la famille Pinault que par les Rouge et Noir. Il est bien malgré lui l’image d’un Stade rennais géré comme une entreprise du CAC 40…et non comme une équipe de foot. On est loin des Guy Roux, Nicollin, Létant…
Au-delà du fiasco sportif, les fans s’interrogent : où est passé l’argent des plus-values ? « Pourquoi cet argent n’a-t-il pas été réinvesti dans des recrues de qualité ? » demande un Rennais, déçu. Chez les supporters, nombreux sont ceux qui ressentent une amertume grandissante. « C’était une année de transition », commente Christophe, un habitué des tribunes. « Augmenter les tarifs d’abonnement, c’était du pur mépris. Il fallait de nous dire que la saison allait être difficile et conserver les mêmes prix ! »
Pour regagner la confiance des supporters, il faudra bien plus que quelques gesticulations de communication. Ni un documentaire bâclé sur la star partante (Bourigeaud) ni quelques affichettes (lors des journées des abonnés) ou maillots dédicacés ne suffiront à effacer l’humiliation subie sur le terrain. La marque Rouge et noir reste forte, mais elle est aujourd’hui frappée au fer rouge… dans la douleur.
Les notes des joueurs de Frédo : Mandanda 3, Truffert 3, Wooh 3, Ostigard 3, Hateboer 3, Matusiwa 3, Kamara 2, Jota 4, Gomez 2, Kalimuendo 4, Blas 3, Stéphan 3.