Le 15 mai 2025, le conseil de Rennes Métropole a adopté à l’unanimité un vœu de soutien au réseau Envie, spécialiste du réemploi d’électroménager et de l’insertion par l’activité économique. Cette décision intervient, après la perte d’un appel d’offres d’Envie, au profit d’un opérateur privé, qui menace directement l’avenir de plusieurs sites, notamment en Bretagne. « C’est une décision brutale, une absurdité sociale et environnementale », assure la présidente de Rennes Métropole, Nathalie Appéré. Pour elle, le choix de l’éco-organisme Ecosystem de confier la collecte des appareils usagés au groupe Brangeon est guidé « purement par une logique financière ».
« Mettre un coup d’arrêt à Envie 35, c’est aussi gaspiller tout l’investissement humain et financier de ces dernières années », a ajouté Patrick Roullé, élu du mouvement « Ensemble pour Rennes Métropole. « Les éco-organismes oublient qu’ils se sont appuyés sur les entreprises d’insertion pour démarrer les filières du réemploi . Ce sont des structures pionnières, fragiles, mais indispensables à la transition écologique. »
Le vice-président à l’économie circulaire, Laurent Hamon, a lui dénoncé une situation déjà chaotique sur le terrain. « Nous avons dû fermer plusieurs locaux dans nos déchetteries cette semaine, faute de ramassage. Le nouveau prestataire ne fonctionne pas. » Rennes, l’établissement Envie Transport Bretagne est implanté depuis près de 20 ans. Il emploie 230 personnes, dont 150 en insertion. Son activité repose sur une collecte dite « préservante », plus coûteuse, mais essentielle pour permettre le reconditionnement des appareils.
Le cas breton n’est pas isolé. Le réseau Envie regroupe 53 entreprises d’insertion en France, avec 3 800 salariés, dont 2 850 en parcours d’accompagnement. En France, la perte de l’appel d’offres logistique lancé par Ecosystem pourrait entraîner la suppression d’au moins 1 000 emplois. Cinq sites sont particulièrement menacés : Envie Bretagne (Rennes), Envie 44 (Nantes), Envie 49 (Angers), Envie Deux-Sèvres (Niort) et Envie Haute-Alsace (Mulhouse). D’autres structures sont également fragilisées, faute d’attribution de marché.
Ecosystem est un éco-organisme à but non lucratif, agréé par l’État. Il est censé mettre en œuvre la responsabilité élargie des producteurs dans le cadre de la loi AGEC, qui fixe des objectifs de réemploi, de réparation et de réutilisation. Les élus de Rennes Métropole en appellent désormais aux 70 entreprises adhérentes d’Ecosystem en Ille-et-Vilaine pour qu’elles demandent des comptes et incitent l’éco-organisme à revenir sur sa décision.
Pour Envie, la collecte d’électroménager n’est pas une simple opération logistique : c’est un levier de transformation sociale et écologique. « Ce geste, ce n’est pas qu’une technique. C’est une vision du monde : celle où rien ni personne n’est bon à jeter », rappelle la société dans son communiqué.