Le 23 septembre, le quotidien Ouest-France relatait la vie compliquée de Marie-Laure, une SDF vivant sous l’arrêt de bus de la rue Pré-Botté, devant les bureaux de la STAR. L’article a suscité une forte émotion. La situation d’une femme en détresse, dormant jour et nuit sous des couvertures, à cet arrêt de bus en plein centre-ville, ça ne peut laisser personne indifférent. Pourtant, quelques mois après, rien n’a bougé. Marie-Laure est toujours là… Et tous les aspects de cette réalité bouleversante n’ont pas été abordés. En enquêtant un peu dans le voisinage, on a appris que Marie-Laure dérange ses voisins, surtout la nuit en les empêchant de dormir. Devrait-on se taire pour ne pas ébrécher la forte émotion que génère cette pauvre femme esseulée dans la rue ? Non, des voisins qui travaillent le matin, ont peut-être le droit au respect de leur vie privée… C’est une question essentielle que de nombreux Rennais voulaient mettre sur la table. Geneviève, professeur d’histoire-géographie, habitant le bâtiment situé juste devant Marie-Laure, souffre de cette situation intenable. Nous donnons son point de vue pour que chacun puisse se faire son opinion.
Racontez-nous les faits :
Elle hurle et profère des insultes de jour comme de nuit. Cette nuit, par exemple, je n’ai pu dormir car elle a hurlé le mot « merdeeeeeee » durant plus de 40 minutes aux alentours de 4h30 du matin. Souvent, elle se met à crier et à insulter les voitures qui passent, les goélands qui crient, la voisine qui lui demande d’arrêter de crier en balançant un « ta gueule salope « . L’arrêt de bus est devenu une vraie poubelle qui attire les rats. Mes élèves qui prennent le bus craignent de le prendre à cet arrêt. C’est devenu immonde.
Votre vie a-t-elle été détériorée par l’indigence de cette femme ?
Une solution doit impérativement être trouvée rapidement pour ma propre santé mentale car j’en suis arrivée à un point de non-retour. Je ne dors plus convenablement depuis deux ans. Je dois prendre des médicaments pour me maintenir éveillée durant la journée et des somnifères pour essayer de dormir en dépit des cris.
Pourquoi avez-vous mis deux ans pour demander de l’aide aux autorités ?
Compte tenu de mes valeurs et de l’état de désœuvrement de Marie-Laure, j’avais attendu. Mais là ce n’était plus tenable. La police m’a dit qu’ils ne pouvaient rien faire pour moi, qu’ils avaient d’autres chats à fouetter, de s’occuper prioritairement des violences faites aux femmes ! J’ai alors contacté les services de la Ville et de mr Lebougeant, adjoint du centre-ville. C’est vrai qu’ils ont tenté de faire quelque chose. Le tuteur de Marie-Laure a été averti, de même que différents services se sont réunis pour examiner le cas de Marie-Laure. Par ailleurs, Keolis est en lien avec son avocat afin de faire cesser ses agissements ».
Espérez-vous que Marie-Laure soit relogée très vite ?
J’ai bien conscience de la situation où elle se trouve. Je l’entends souvent crier : « J’en ai plein les jambes. Ce n’est pas une vie de vivre comme ça dans la rue« . Mais est-ce à moi ou à d’autres voisins de payer pour la non-intervention de la société. Je travaille tous les matins et le soir je suis obligée de préparer et de corriger des cours pour instruire des élèves, pour les aider à se forger un avenir.
Info + : d’après nos informations, juste avant l’article du quotidien local, Marie-Laure avait décroché un logement. Mais visiblement, elle était revenue sous l’abribus. Depuis l’article Ouest-France, la jeune femme a obtenu un sommier !