Faut-il supprimer le grand parking pour rendre moins vilains les quais ? La majorité de la ville (Marc Hervé, en tête) ne cache pas ses ambitions (voir l’article). Lors du dernier conseil municipal, ce lundi 19 février, elle a défendu un projet verdoyant (200 arbres) où les Rennais auront droit à des jardins flottants, une passerelle, des cheminements… Son opposition n’est pas toujours sur la même longueur d’ondes.
Porte-parole de Révéler Rennes (proche de Renaissance), Carole Gandon a toujours milité en faveur de la refonte de cet espace. « Nous en avions fait un axe fort de notre campagne électoral e», assure la conseillère. Lundi, elle n’a pas voulu revenir sur le « choix regrettable » de supprimer le parking Vilaine. Elle a préféré être « constructive » en souhaitant l’augmentation de la capacité du parc Kleber de 120 places supplémentaires (élévation d’un étage) pour compenser le manque de stationnement. « Sur le papier, le projet reprend beaucoup des idées proposées dans notre programme 1001 Vilaine. Nous avons donc la sensation d’avoir été entendus. Pour ces raisons, nous voterons cette délibération. Il s’agit toutefois d’une approbation avec réserves. Ce qui nous engage à suivre avec la plus grande vigilance et attention ce chantier emblématique pour l’avenir. »
Ce projet est le révélateur « d’un deux poids, deux mesures », avec d’un côté l’hyperdensification de la ville et de l’autre, la végétalisation des quais », assure Henri-Noël Ruiz, colistier de Carole Gandon.
Dans l’autre bord de l’opposition, Charles Compagnon (centre droit) a tenu à souligner les points positifs (les jardins végétalisés, le square urbain de la placette Joffre..). Le reste du programme, à savoir, la destruction de la dalle du parking vilaine, serait une erreur grave. « Cet ouvrage est un lien physique fort entre le Nord et le Sud de la ville. Il permet aux piétons en différents lieux qui vont du palais du commerce à la place de Bretagne. » Dès à présent, Charles Compagnon s’inquiète pour le futur économique du centre-ville. « C’est un parking (le plus cher de Rennes) qui accueille entre 1 400 à 1 700 véhicules par jour », a-t-il rappelé. « Malgré la mise en route de la ligne B, cet ouvrage n’a pas désempli notamment au temps fort du midi. Sa suppression, sans création d’une alternative crédible, est dramatique pour les professionnels et les commerçants », a-t-il ajouté.
La destruction de la dalle est un message supplémentaire pour les personnes qui habitent aux extérieurs de la ville ou de la métropole : vous n’êtes pas les bienvenus à Rennes. » Charles Compagnon.
De l’autre côté de l’échiquier politique, les écologistes sont partagés. « Avec la découverte de la Vilaine et un potentiel de plus de 200 arbres plantés, nous allons retrouver de la fraîcheur à la République », a indiqué l’une d’elles, Valérie Faucheux. De la même tendance, Jacques Pinchard a appelé lui ses collègues à plus de « sobriété ». Il demande bien volontiers à ne pas détruire des trottoirs bicentenaires (taillés dans la pierre en 1840 et ayant survécu au bombardement) ou refaits très récemment sur la République. « Le temps est venu de se libérer d’habitudes prises il y a 40 ans de faire et défaire à coup de tractopelles gloutonnes en gasoil. » Il s’est abstenu en exigeant une « bifurcation » des comportements vers une « simplicité joyeuse, choisie et revendiquée. »
Infos + : La démolition de la dalle permet-elle de rendre sa place à l’eau dans Rennes ? « La Vilaine est entièrement découverte avant et après cette dalle », répond Charles Compagnon. « L’eau est déjà dans la ville ! Et ce n’est pas quelques dizaines de mètres de destruction qui va changer les choses. »
