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samedi 14 septembre 2024
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PLANNING FAMILIAL : FAUT-IL REVENIR AUX MISSIONS INITIALES ? 

Au quotidien, et depuis sa création, le Planning familial agit avant tout pour la santé et la sécurité des femmes. « Il offre un accès libre et gratuit aux droits sexuels et reproductifs (santé sexuelle, contraception et avortement). Il accueille les victimes de discriminations et de violences sexistes et sexuelles. Chaque année, plus de 320 000 personnes sont reçues pour être écoutées et accompagnées, dont plus de 75 % de femmes. Mais il y aussi environ 20 % d’hommes et moins de 2 % de personnes s’identifiant autrement », a expliqué Carole Gandon (Révéler Rennes), lors du dernier conseil municipal.

Mais est-il fini le temps où le planning familial (PF) recevait des cohortes d’adolescents et d’adolescentes en mal d’informations sur leur sexualité ? Ce mouvement d’éducation populaire et féministe, né il y a plus de cinquante ans, inquiète désormais l’opposition municipale. À l’occasion du vote de 75 000 euros (acquisition d’un local), Anaïs Jehanno (Libres d’agir pour Rennes) est revenue sur une formation proposée pour les psychologues par le PF pour l’accompagnement des personnes LGBTI+ (1). Si elle combat les stéréotypes de genre, elle ne veut pas d’idéologies qui n’ont pas leur place dans des associations chargées de missions de service public. «Ces sujets sont des problématiques graves. Ils nécessitent des réflexions posées, dépassionnées. Ils doivent prendre en compte les souffrances des personnes, bien entendu dans une vision médicale et psychologique. Mais ils ne doivent pas faire l’objet de récupération et de solution toute faite. Ne nous y trompons pas, il faudrait plus de planning familial, mais dans ses missions initiales notamment sur la prévention, sur la vie affective et sexuelle chez les jeunes ». 

Même son de cloche chez Carole Gandon (Révéler Rennes). « Nous soutenons résolument l’action historique et la raison d’être du planning familial. Pour autant, les débats récents autour de l’usage du lexique trans, de même que les alertes formulées par certaines associations ou journalistes féministes comme la reporter Laure Daussy interrogent. Nous devons lutter contre la transphobie. Mais la volonté de tordre des définitions, de supprimer l’emploi de certains mots, au mépris de la réalité biologique et donc de la science, nous semble dangereuse et délétère. »

Conseillère de l’opposition, Carole Gandon souligne les « nécessaires précautions » à prendre dans l’accompagnement médical des adolescents pour accomplir une transition de genre. « Des témoignages de parents alertent sur la rapidité dans laquelle ces démarches parfois irréversibles sont accomplies, et sur l’absence de suivi approfondi de ces jeunes en souffrance. Nous souhaitions donc ici formuler ces réserves, tout en renouvelant notre soutien à la mission indispensable du planning familial. »

Conseillère municipale aux droits des femmes et à la lutte contre les discriminations depuis 2014, Geneviève Letourneux a mis en avant des « recherches en sciences sociales ». Elle a décortiqué les « mécaniques de violences, le croisement des dominations, les logiques d’assujettissement » envers les personnes LGBTI+. Mais face à la bronca de l’opposition reprochant des propos complexes, elle est sortie bien vite d’un langage obscur et abscons. « J’entends la vigilance que vous exprimez à l’égard du planning familial », a-t-elle fini par dire. « Mais je vous invite aussi à être vigilante sur les courants qui sont au fondement de ces allégations et qui travaillent de manière très explicite à la disqualification du planning familial. Le PF reste au cœur de son engagement. Il œuvre pour la santé sexuelle et le droit à la contraception pour toutes et tous. En lien avec l’Agence régionale de santé, il s’investit depuis plusieurs années pour garantir le droit à la santé des personnes trans (augmentation des agressions contre les trans de 27 %, rapport de SOS Homophobie). 

La santé des personnes trans est dégradée par rapport à la moyenne de la population », explique Geneviève Letourneux.  

Pour lutter contre la transphobie, contre le rejet, l’élue met en avant le lexique trans. « Si l’on ne sait pas ce dont on parle, on alimente le silence, le doublement des violences, l’isolement, les allégations, les fantasmes, les polémiques. Tout au long de son existence, le planning a été confronté à des attaques conservatrices, réactionnaires, qui prônent un ordre injuste, un ordre normatif, un ordre où les singularités sont bafouées et rejetées. Notre choix est totalement inverse. Nous ne voulons pas mettre des bâtons dans les roues d’une association. Le planning familial assure non seulement des missions essentielles, mais elle est aussi pionnière dans la reconnaissance des droits de chacune et de chacun. »

Infos + : (1) L’intitulé de la formation était ainsi libellé ! « Cette formation se fait autour d’une conscientisation plus généralisée des rapports d’oppressions systémiques intersectionnelles, notamment hétérosexistes, patriarcales et colonialistes. De ce fait, l’espace social est hanté par ces enjeux dans un contexte où la parole psy, aussi parfois convoquée, est du côté de la défense d’un ordre symbolique qui serait nécessaire au bien-être des personnes. » Vous n’avez rien compris, rassurez-vous, nous aussi !

jean-christophe collet
jean-christophe collet
Lancé par le journaliste Jean-Christophe Collet en 2012/2013, www.rennes-infos-autrement.fr devient un site d’informations en 2015 et est reconnu comme site d’informations en ligne par le ministère de la Culture et de la communication.

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