Le phénomène n’est pas nouveau, mais il continue d’inquiéter. Lors de la fête de la musique organisée à Rennes le 21 juin dernier, un adolescent de 17 ans a été victime d’une piqûre à son insu vers 22 h 30. Léo (prénom modifié) était présent, place des Lices, en compagnie de cinq ou six amis. « Je ne me suis pas rendu compte sur le moment. Je n’ai pas senti l’injection », explique-t-il. « Au début, je me sentais juste fatigué. Mais après, j’avais l’impression d’être peu bizarre. J’étais vraiment tout lent. »
Mon grand-père est médecin. Je lui ai montré la piqûre : il m’a dit que c’était vraiment la taille d’une aiguille normale. »
Plus tard dans la soirée, Léo remarque une douleur inhabituelle au niveau du bras. « Comme si on m’avait fait un vaccin », ajoute-t-il. « J’ai regardé de plus près avec la torche de mon téléphone, et j’ai vu un petit trou. Là, j’ai compris que je m’étais fait piquer. C’était sur le coude intérieur, pas sur la veine. L’individu a dû le faire en passant à côté de moi ! », précise-t-il. Dès le lendemain après-midi, Léo s’est rendu dans une salle de soins à Saint-Malo. « Il y avait trop de monde, donc je n’ai pas été pris tout de suite. Depuis, j’ai fait une prise de sang pour vérifier le VIH et l’hépatite. Heureusement, je n’ai rien. Je dois toutefois voir un médecin vendredi. »
« Ils ont fait ça juste pour faire du mal »
Interrogé sur les suites qu’il compte donner à cette affaire, l’adolescent se dit prêt à déposer plainte. Grâce à la présence de ses amis, Léo a conscience d’avoir évité le pire . « Si j’avais été tout seul, cela aurait pu être dangereux. J’étais vraiment lent. Je suivais des gens que je connaissais, mais si j’avais été seul, j’aurais pu tomber, ou me perdre. Il n’y avait même pas de raison de faire cela, à part faire du mal. Ils n’ont même pas cherché à me kidnapper. »
Le phénomène semble loin d’être isolé. « Une amie à moi, ça lui est aussi arrivé. Et sur les réseaux, j’ai vu qu’il y avait au moins 145 cas en France », affirme-t-il. Si le jeune homme donne l’impression de prendre l’épisode avec beaucoup de courage, sa mère, elle, ne cache pas son inquiétude. « Il dit que ça ne changera pas ses habitudes de sorties. Mais moi, je reste vigilante. Cela doit quand même être un peu traumatisant de savoir que quelqu’un a pu introduire quelque chose dans ton corps à ton insu. »
Selon la police, seule une plainte a été déposée, et elle ne l’a pas été à Rennes, mais à Fougères où la victime est domiciliée. « Une quinzaine de personnes se sont présentées au PC médical lors de la soirée », indique un policier. Pour l’heure, les enquêteurs rappellent l’importance de la réactivité pour de potentiels signalements. « Les images de vidéosurveillance peuvent être conservées un certain temps, selon les caméras. Toute personne qui souhaite déposer plainte doit le faire dans un délai rapide.»