Petite pluie fine, ce vendredi 10 mars, sur la capitale bretonne. Mais pas de quoi entamer le moral des manifestants contre la nouvelle ligne à grande vitesse envisagée entre Rennes et Redon. « Quel que soit le tracé, à l’Ouest ou à l’Est de la Vilaine, nous serons dans tous les cas impactés », martèle le maire du Val d’Anast, Pierre-Yves Reboux, et président de l’association, Les Vallons de Vilaine. « Pour gagner onze minutes de plus, on va sacrifier au moins 600 hectares. »
Comme bien d’autres élus, Pierre-Yves Reboux trouve ce projet « complètement totalement incohérent et même contradictoire » par rapport aux injonctions de l’État. « Les autorités étatiques nous demandent de consommer moins de terres pour loger les gens. Elles souhaitent zéro artificialisation nette, mais elles continuent à faire comme si de rien n’était ! Ce programme ne dessert pas les territoires ruraux et ne bénéficiera pas à nos habitants. »
Au lieu d’un tel projet, beaucoup en appellent à une vraie réflexion sur les trains du quotidien entre la métropole et les communes.
Un avis partagé par Thierry Beaujouan, maire de Guipry-Messac et président de la communauté de communes des Vallons de Bretagne. « Ce projet va grignoter nos terres. Il intervient au moment même où nous sommes limités dans nos constructions, malgré une forte exigence de la population. » Contre cette future grande ligne, les élus sont mobilisés avec les agriculteurs, la Confédération paysanne et la FDSEA. Et leurs habitants. Juste avant la discussion du contrat de programmation État-Région, ils demandent aux conseillers régionaux et financeurs nationaux d’être enfin écoutés.
Dans un communiqué, la préfecture assure rester à l’écoute. « Le grand projet de liaisons nouvelles Ouest Bretagne Pays de la Loire (LNOBPL) est conduit depuis plusieurs années par SNCF-Réseau », explique le préfet. « Il a donné lieu à plusieurs phases d’échanges approfondis avec les territoires : débat public en 2014, concertation complémentaire en 2016/2017, dialogue en 2021/2022. »
LNOBPL viserait à augmenter la capacité du réseau ferroviaire au profit de tous les types de circulations : longue distance (TGV), inter-villes (relations entre les agglomérations) et de proximité (desserte des territoires périurbains des métropoles). « Le 10 janvier 2023, un comité de pilotage a associé les partenaires-financeurs du projet (les deux régions, les quatre départements bretons, les trois villes de Brest, Rennes et Nantes). Il a permis de définir une trajectoire qui a pour volonté de moderniser le réseau existant et de répondre aux besoins de déplacements dits du quotidien. »
Toutes les options seront travaillées dans le futur volet Mobilités 2023-2027 du CPER (contrat état-région) dont les négociations seront prochainement entamées. « Un comité de pilotage du programme sera à nouveau réuni au printemps pour confirmer les conditions de poursuite des réflexions. » L’État reste à l’écoute des territoires pour construire avec ses partenaires les mobilités bretonnes de demain. Des représentants du sud de l’Ille-et-Vilaine, venus manifester leur inquiétude ce 10 mars 2023, ont été reçus en préfecture de région. Seul regret des maire, le préfet n’était pas présent.