Le 28 février dernier, la maire de Rennes Nathalie Appéré interdisait le concert de l’artiste Freeze Corleone au Liberté, le 18 mars, dans le cadre d’un festival de musique intitulé « Boomin Fest ». Elle faisait valoir des risques de troubles à l’ordre public. « Plusieurs textes du rappeur constituent de véritables provocations et incitations à la haine voire à la violence, remettant en cause les valeurs républicaines et la cohésion nationale », indiquait l’avocate de la métropole, Catherine Logeat. « Sa venue est susceptible d’exacerber le climat de tension existant sur la ville entre différents groupuscules politiques extrêmes présents à Rennes. »
Au regard de l’instruction et des échanges durant l’audience, le juge du référé du tribunal administratif de Rennes a donné raison au rappeur, défendu par maître Chartron. « Aucune circonstance particulière ne permet de tenir pour réel le risque de trouble à l’ordre public créé par ce spectacle. La maire de Rennes a, dans l’exercice de ses pouvoirs de police administrative, porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression, à la liberté de réunion et à la liberté d’entreprendre. »
Mais au-delà du respect du principe constitutionnel (allant de soi !), le juge a tenu à revenir sur les chansons de Freeze Corleone pour étayer ses arguments. « Ces textes n’ont donné lieu à aucune condamnation pénale en raison d’un classement sans suite par le Parquet de Paris. Depuis 2018, les précédents concerts de l’artiste en France, en Suisse et en Belgique n’ont jamais suscité, pour leur contenu, de troubles à l’ordre public », a confié le magistrat.
Et le tribunal de préciser : « La réalité d’une polémique sur les écrits de Freeze Corleone n’est pas discutable. Mais la compilation produite devant le tribunal qui ne comporte que des extraits disparates de quelques chansons, rend difficile en dehors de toute contextualisation, la compréhension de la complexité de l’univers artistique et du positionnement de leur auteur. » L’arrêté municipal est désormais suspendu. Il donne donc une belle publicité au rappeur, au festival, et malheureusement une image un peu plus terne pour la ville.
Infos + : « Freeze Corleone s’est engagé à ne pas reprendre les titres, contenant les propos polémiques qui lui sont ainsi reprochés », précise le magistrat.