Le Conclave débute aujourd’hui à Rome. Monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo explique aux lecteurs de Rennes Infos Autrement comment va se dérouler l’élection du nouveau pape. Entretien.
Qui peut être élu Pape ?
Habituellement, depuis plusieurs siècles, c’est un des Cardinaux qui est élu pour devenir Pape. Mais selon le droit propre de l’Église catholique, un évêque peut être élu.
Comment se déroule l’élection du Pape, pendant le conclave ?
Les Cardinaux électeurs sont ceux qui ont moins de 80 ans, soit 135 sur les 252. Pour ce Conclave, ils seront 133 électeurs car deux Cardinaux sont malades et ne peuvent se rendre à Rome. Les 133 Cardinaux sont en habit (rouge) de chœur, l’habit de la prière, dans la Chapelle Sixtine. Dans un grand silence, chacun écrit sur un bulletin le nom de la personne qu’il choisit personnellement. Ils déposent leur bulletin à tour de rôle en s’avançant un à un vers la saisissante scène du Jugement dernier peinte par Michel Ange. Pour être élu Pape, il faut recueillir les deux tiers des voix des votants. Leur vote n’est pas politique mais profondément spirituel : ils votent en ayant foi en Jésus-Christ qui, mystérieusement, guide son Église répandue dans les cinq continents.
Les élections de Benoit XVI et François ont duré peu de temps. Qu’est-ce-qui peut influer sur la durée des délibérations ?
Je me souviens de l’enterrement du pape Jean-Paul II. La célébration était présidée par le cardinal Joseph Ratzinger (le futur Benoît XVI). Or, après la célébration, il y eut une convergence étonnante entre les évêques au milieu desquels j’étais : le prochain Pape, c’est lui ! Sa manière de conduire les obsèques, sa parole, tout manifestait une telle humilité et une telle clarté de pensée !
Sans doute, cette convergence de vue des Cardinaux vers l’un d’entre eux raccourcit la durée du Conclave. Il ne faut pas oublier une étape très importante : avant le Conclave, les Cardinaux se rassemblent durant plusieurs jours et chacun exprime sa vision de l’Église de demain. Ils apprennent ainsi à se connaître et leurs échanges font peut-être émerger une convergence de vue. Il est évident qu’aucun ne fait campagne ! Chacun mesure le poids de la charge. Le service qu’elle implique demande le don total de soi, un grand amour de l’humanité et une profonde foi en Dieu.
Selon vous, ce Conclave s’annonce-t-il rapide ? Ou au contraire les Cardinaux vont-ils devoir délibérer davantage, si de nouvelles »règles » doivent être fixées ?
Si de nouvelles règles doivent être fixées, c’est le prochain Pape qui le fera. Quoiqu’il en soit, je suis incapable de dire si ce Conclave sera rapide. Je l’espère ! Mais d’une part, le pape François a ouvert beaucoup de chantiers dans une Église devenue tellement universelle ; d’autre part, le monde se redessine avec des polarités qui bougent, pour le meilleur et pour le pire peut-être. Discerner celui qui guidera la barque de l’Église et son message de justice, de dignité humaine et de paix, sur la mer tumultueuse du monde ne se fera peut-être pas en un jour !