Il y a tout juste cent ans, Rennes vivait Noël autrement avec une ferveur qui continue de fasciner aujourd’hui. À travers les récits du journal L’Ouest-Éclair, retrouvons l’éclat de cette fête où les églises résonnaient de chants, où le Théâtre municipal offrait des spectacles mémorables, et où les rues commerçantes vibraient d’une certaine effervescence populaire.
À cette époque, les édifices religieux de Rennes étaient le cœur des festivités, notamment pour la messe de minuit. À la cathédrale Saint-Pierre, l’office de la nuit était accompagné de chants grégoriens et de motets, magnifiés par l’orgue. Le célèbre cantique Adeste Fideles et des extraits de l’oratorio de Camille Saint-Saëns y étaient interprétés avec magnificence.
Les églises Saint-Germain et Saint-Sauveur proposaient également des célébrations, enrichies par des cantiques traditionnels et parfois même des performances instrumentales, comme des violons ou hautbois qui accompagnaient les chorales. Ces offices solennels symbolisaient le commencement des festivités et rappelaient chez nos plus anciens l’importance de la foi.
Noël 1924 à Rennes ne se limitait pas à la religion. Le Théâtre Municipal jouait lui aussi un rôle central dans les réjouissances. Il présentait une programmation spéciale pour la période des fêtes. Parmi les œuvres phares, cette année-là, « Les Saltimbanques », une opérette grandiose transportait le public dans un univers d’acrobaties et de mélodies entraînantes. Les décors, particulièrement soignés, recréaient des scènes festives et féeriques, tandis que les artistes, dont la troupe des Quins’Leu (quinze gymnastes), impressionnaient par leurs prouesses.
Du théâtre, des marionnettes et des messes
Pour les amateurs de musique classique, le théâtre proposait une représentation exceptionnelle de « Lakmé » de Léo Delibes. Cette œuvre, interprétée par une compagnie renommée et rennaise, séduisait par ses airs célèbres et son élégance. Les familles se pressaient aussi devant des séances de Guignol organisées au Champ de Mars, où les enfants riaient sans doute aux éclats devant les facéties des marionnettes.
Dans les rues de Rennes, l’esprit de Noël se faisait sentir à chaque coin de rue. Les vitrines des magasins, telles que celles du Grand Bazar Rennais, étaient décorées avec soin. On pouvait y admirer des scènes animées mettant en mouvement des jouets mécaniques, des trains électriques ou des poupées dansantes. Des boutiques renommées telles que les Galeries de l’Ouest proposaient des offres spéciales pour Noël, comme des montres et des articles de couture, des étoffes raffinées ou des accessoires en cuir.
Les marchés de Noël, installés dans les rues principales, suggéraient une grande variété de produits : des jouets en bois sculpté, des bougies parfumées, des décorations festives, et des spécialités bretonnes comme les sablés au beurre et les caramels artisanaux. Célébré en famille ou entre amis, le Réveillon était marqué par des repas copieux et festifs. Les tables rennaises regorgeaient de mets traditionnels : une soupe de poisson, une cotriade parfumée, et des crustacés comme le homard. En dessert, les crêpes au beurre et les tartes aux pommes couronnaient ce festin.
Au-delà de la gastronomie, Noël était aussi une période de générosité. Des paroisses et associations organisaient des collectes pour venir en aide aux plus démunis. Des paniers garnis contenant des aliments de fête et des vêtements chauds étaient distribués aux familles dans le besoin, renforçant l’esprit de solidarité qui imprégnait cette période où la Première Guerre Mondiale était encore très prégnante. En revisitant 1924, nous découvrons une époque où les traditions, la simplicité et le partage formaient le cœur des célébrations.