Le 4 novembre 2019, un tragique accident ôte la vie à Grâce Lochin, une jeune étudiante de 22 ans, passionnée de vélo et originaire de Mayenne. Son destin bascule au carrefour de l’avenue du Général Patton et de l’avenue de Rochester, dans le quartier de Maurepas. Un poids lourd ne le voit pas dévier de sa trajectoire pour éviter un îlot central et la heurte mortellement. Immédiatement, des manifestations sont organisées à sa mémoire sur les lieux du drame où une bicyclette blanche est installé depuis par la famille.
Ce vendredi, le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, a annoncé à l’AFP la mise en examen en mai 2022 de Rennes Métropole pour homicide involontaire. La collectivité est accusée de n’avoir pas su assurer la sécurité de ses voies cyclables. Elle aurait notamment négligé de signaler à cet endroit correctement le parcours et forcé les cyclistes à des manœuvres dangereuses. « La configuration de la piste associée à la faible largeur des autres voies est un véritable piège pour les deux roues. Elle a joué un rôle prépondérant sur la réalisation de ce tragique accident », indique le rapport d’expertise, cité par l’AFP.
Ce dossier judiciaire complexe s’étire dans le temps. Il soulève l’incompréhension et la douleur de la famille Lochin. Dans les colonnes du journal Ouest France, l’avocat du père dénonce une « attente insupportable » pour son client. Mais selon le quotidien, le parquet aurait avancé dans cette affaire. Il aurait requis le renvoi de Rennes métropole devant la justice, ces dernières semaines. En revanche, le chauffeur bénéficierait d’un non-lieu et ne serait pas poursuivi.
Je ne veux pas que ma fille soit morte pour rien », explique la mère de la jeune fille.
L’affaire Grâce Lochin ne serait pas seulement le récit d’une tragédie individuelle ; elle est le miroir des failles dans la gestion de l’espace urbain et de la cohabitation entre les différents usagers de la route. Elle interroge sur notre capacité à prévenir les accidents et à garantir un environnement sûr pour tous, en particulier les cyclistes, vulnérables face au flux dense des véhicules motorisés. Bien plus, elle questionne sur des aménagements parfois créés à la va-vite pour la bonne cause environnementale, mais sans prendre en compte parfois le bon sens.
En attendant les conclusions de la justice, la communauté cycliste de Rennes et la famille de Grâce espèrent des changements significatifs. Ils veulent que ce drame serve d’électrochoc pour repenser la sécurité des pistes cyclables et éviter que d’autres vies soient fauchées dans des circonstances similaires. La mémoire de Grâce Lochin, à travers ce douloureux combat, devient un symbole de lutte pour un partage plus harmonieux et sécurisé de l’espace urbain. « Depuis le début de l’enquête, Rennes métropole s’est tenue à la disposition de la justice afin d’apporter l’ensemble des éléments techniques susceptibles d’éclairer l’instruction », affirme Rennes métropole.


