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LE « SHTANDART » : UN VAISSEAU FANTÔME DES TEMPS MODERNES

Le 23 août 2024, le Shtandart, réplique d’un vieux gréement russe du XVIIIe siècle, a tenté de jeter l’ancre dans le port de Cancale, mais il s’en est vu refuser l’accès. « La mer est la mer ! », a expliqué Pierre-Yves Mahieu, maire de Cancale sur le réseau social Linkedlin. « La France est la France ! La solidarité des gens de mer est une chose, que Cancale a assumée aujourd’hui comme tout au long de son histoire. Mais, à la veille du 24 août — où l’Ukraine célèbre son indépendance — il est indispensable de rappeler que Cancale est avant tout une commune littorale de France, qui condamne fermement l’agression de la Russie. Et elle en tire concrètement les conséquences en refusant l’accueil d’un navire russe dans son port. »

Cette déclaration souligne la tension entre l’héritage maritime de Cancale et la réalité des conflits internationaux actuels.

Depuis l’arrêté européen d’avril 2022, les navires russes sont interdits d’accès aux ports du Vieux Continent, même les répliques historiques. Bien malgré lui, le Shtandart est ainsi devenu le symbole de la crise diplomatique entre l’Europe et la Russie, exacerbée par l’invasion de l’Ukraine. Autrefois accueilli avec enthousiasme dans divers festivals maritimes, le trois-mâts est maintenant perçu par certains comme un ambassadeur d’un État belligérant, bien qu’arborant désormais le pavillon des îles Cook pour contourner les sanctions. À Brest, le bateau ne fut pas le bienvenu. À Granville, il a essuyé un autre refus, lors du festival Voiles de Travail, le 21 août 2024. On accuse d’ailleurs son capitaine russe Vladimir Martus d’avoir noué des liens avec le Kremlin — notamment financier.

Il y avait là, je pense, un moyen de faire connaître votre position tout en respectant la réception de ce trois-mâts magnifique. » Un Cancalais au maire de sa ville.

Ce refus d’accueillir ce voilier de l’Est est une manifestation claire de l’amitié envers l’Ukraine. « Ce ne sont pas les Russes qui sont en cause, mais leur gouvernement actuel criminel. Rejeter l’accès d’un bateau russe est une façon de faire savoir aux Russes (qui sont peu informés) notre totale solidarité à l’Ukraine », a confié Daniel Cueff, vice-président de la région Bretagne sur le même réseau. Cependant, d’autres voix s’élèvent pour défendre la tradition et le droit maritime, même ceux sous pavillon russe, à trouver refuge dans les ports. « Est-on en guerre ? », s’interroge un internaute. « Il y a des lois en mer dont celle d’accueillir les navires en détresse, quels qu’ils soient. Encore une règle que nous transgressons par dogme. Il ne faudra pas s’étonner si tout ce qui n’est pas occidental n’a plus confiance en nous. »

Le Shtandart continue donc son périple le long des côtes françaises, longeant les ports qui, autrefois, l’auraient hébergé à bras ouverts. Ce navire, pris dans une tempête géopolitique, rappelle étrangement les légendes maritimes autour du « Vaisseau Fantôme » ou encore le Flying Dutchman, condamné à errer sur les océans sans jamais trouver refuge. Cette situation n’est pas unique en France. Le Shtandart n’est pas le seul bâtiment russe à connaître des difficultés d’accostage en France. Plusieurs bateaux russes sont ou étaient assignés à demeure dans les ports de Saint-Malo et de Marseille. Le cargo Vladimir Latyshev, bloqué à Saint-Malo depuis le 1er mars 2022, en est un exemple. Entré sous escorte douanière, ce vraquier de 141 mètres n’a jamais pu repartir, étant visé dans le cadre du gel des avoirs des oligarques russes. À Marseille, un autre navire marchand, le Victor Andryukhin, connaît un sort similaire. Il est immobilisé depuis le début du conflit en Ukraine. Ces navires sont devenus les symboles d’un affrontement qui dépasse les frontières terrestres et s’étend même aux mers.

Infos + : mardi 20 août 2024, un équipage de la SNSM est intervenu au large de Pléneuf-Val-André, dans les Côtes-d’Armor, pour secourir une jeune fille sur le bateau Shtandart, interdit d’accoster en France (sources : Ouest-France).

jean-christophe collet
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Lancé par le journaliste Jean-Christophe Collet en 2012/2013, www.rennes-infos-autrement.fr devient un site d’informations en 2015 et est reconnu comme site d’informations en ligne par le ministère de la Culture et de la communication.

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