Mustapha Karim, de nationalité camerounaise, est grand, costaud, le regard franc. Dans le grand entrepôt vide de la rue des Veyettes de la zone industrielle Sud-Est, il regarde là où il va dormir sous une tente dans quelques jours. Avec son camarade d’un autre pays, il passe le temps difficilement, en ce dimanche soir. « Je n’ai qu’un seul ami pour le moment, ici, en France », confie-t-il.
Face au journaliste, Mustapha demande des questions à l’avance. Mais il se ravise bien vite. Il ne veut pas faire comme les hommes politiques. Il veut parler franchement, sans filet. Il veut dire ce qu’il a vécu tout simplement, sans fioritures. « Ce n’était pas un rêve de venir en France. Je ne savais pas qu’un jour, je me retrouverais ici », assure-t-il.
Mais au Cameroun, Mustapha ne pouvait plus travailler, ne pouvait plus vivre au grand dam de son père. « J’étais maçon comme lui », se souvient-il. A défaut de trouver son bonheur, de dénicher un travail, il part de son pays. Un voyage difficile, long. Un voyage qui le fait passer par la Libye et la mer Méditerranée où il est sauvé par la Marine nationale italienne. « Je suis resté un peu de temps en Italie dans un centre d’hébergement. »
Là-bas, Mustapha vit des moments difficiles. « La directrice du centre nous a tenu des paroles menaçantes », confie-t-il. Face au racisme, il décide de rejoindre la France, Nantes puis Rennes où il se retrouve dans la fameuse résidence Estrémadure et ensuite le bidonville des migrants. « Depuis quelques mois, je ne dors pas bien. Mais j’ai espoir que les choses changeront peut-être. » Il veut tout simplement devenir maçon.
L’interview de Mustapha :