L’association « Étonnants Voyageurs » organise depuis 1990, le festival éponyme à Saint-Malo, le week-end de la Pentecôte. Il propose des rencontres littéraires, un salon du livre, des expositions, des journées professionnelles, ainsi que des actions en faveur des scolaires et apprentis. Mais le succès n’empêche pas les contrôles de la chambre régionale des comptes qui vient de rendre son rapport le 25 janvier. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas tendre.
Les magistrats évoquent « une gouvernance relativement fermée et sans précaution » vis-à-vis du risque de conflits d’intérêts. « L’association a recours, pour l’organisation de son festival, à des sociétés de prestations de service dont les gérants comptent parmi ses principaux administrateurs, dans des conditions de transparence insuffisantes », conviennent les juges. Pis encore, l’admission de nouveaux membres est soumise à l’accord unanime du conseil d’administration. Dès lors, la chambre recommande de mettre en place des actions de prévention des conflits d’intérêts, en instaurant notamment un « processus de retrait » pour tout administrateur concerné par une décision.
Pour ne rien arranger, la situation financière est très fragile. « Depuis 2017, seul l’exercice 2021 a été excédentaire. (…). En outre, elle doit respecter les obligations légales sur la publication des rémunérations et avantages en nature des trois plus hauts cadres dirigeants. » Dans le détail, depuis 2017, les ressources propres ont régressé en raison d’une baisse des visiteurs du festival et d’une réduction du nombre d’exposants du salon du livre. « La fréquentation payante a chuté de 25 % entre 2017 et 2022, malgré un maintien de l’offre d’événements organisés », explique le rapport. « Les fonds apportés par les partenaires privés ont été diminués. En revanche, les subventions publiques récurrentes ont progressé dans le financement de l’association (47 % en 2022). » Fait à noter, les charges ont grimpé, en particulier la masse salariale et les droits d’auteurs versés aux invités.
La convention avec la commune de Saint-Malo souffre de plusieurs imprécisions notamment sur les mises à disposition de lieux, les prises en charges directes et les avantages en nature.»
Pour rétablir ses équilibres financiers et garantir la pérennité du festival, l’association doit revoir son modèle économique. « Elle devra réduire les charges permanentes (notamment la masse salariale), les dépenses liées à l’organisation (diminution du nombre d’invités et des frais de communication). Elle devra entreprendre une réflexion sur son offre, après avoir mieux identifié les attentes du public. » Dans un tel contexte, la chambre a formulé sept recommandations que l’association s’est engagée à mettre en œuvre. Elle devra en particulier revoir son statut et les attributions du président, du trésorier et le cas échéant, du directeur. Elle devra aussi prendre pour éviter les situations de conflits d’intérêts…