Cet été, un lecteur rennais fait une découverte inattendue, lors de sa visite à la mairie de Bourdic, près d’Uzès (Gard). Sur la façade du bâtiment, il remarque une inscription en grosses lettres rendant hommage à un certain « Raoul Chabaud, mort pour la France, le 17 juin 1940, à Rennes. » Intrigué, il tente d’en savoir plus en contactant le correspondant du Midi Libre. « Son fils est décédé il y a quelques années. Je vais me renseigner (voir infos +) »
En l’absence d’informations supplémentaires, notre lecteur entreprend des recherches personnelles. Il découvre ainsi que Raoul Émile Augustin Chabaud, né le 31 mai 1901 à Bourdic, était un militaire du 222e régiment d’artillerie lourde divisionnaire (RALD) de la 53e division d’infanterie (DI). Il avait 39 ans au moment de sa mort. Mais que s’est-il réellement passé ce jour-là ? Le 17 juin 1940, alors que le maréchal Pétain annonce l’arrêt des combats, trois avions de la Luftwaffe lancent une attaque aérienne dévastatrice sur Rennes. La gare de triage de la plaine de Baud et les voies ferrées de Saint-Hélier sont violemment bombardées. Les explosions qui s’ensuivent causent des ravages terribles. Elles tuent de nombreux soldats et civils dans des souffrances atroces. Selon le site WikiRennes, 206 artilleurs du 222e R.A.L.D de la 53e D.I. et du 64e R.A.L.D., majoritairement originaires du Midi, périssent dans ce déluge de feu. Ils rejoignent ainsi dans la mort près d’un millier d’autres victimes, toutes frappées par le même sort funeste.
Toutefois, comment expliquer une telle tragédie ? À la plaine de Baud, les « crayons volants », surnoms donnés à leurs avions par les Allemands, ont déversé leurs engins explosifs de 55 kg, sur une dizaine de trains, dont un transportant des munitions. Sur les voies de Saint-Hélier, d’autres bombes sont tombées sur une rame remplie de cheddite, une charge à base de chlorates, non loin du convoi des artilleurs où se trouvait Raoul Chabaud. Le soldat et ses camarades perdent la vie à cause des bombes allemandes et peut-être en raison d’une négligence des services de la gare de Rennes ou d’un ordre des autorités militaires. Ceux-ci ont laissé le train d’artilleurs contre celui de munitions…
Informations supplémentaires : Le 222e RALD (Régiment d’artillerie lourde divisionnaire) fut mobilisé en septembre 1939. «Ce Bourdicois, explique le correspondant Jean-Marie Roussel, a embarqué à Dunkerque avec l’armée anglaise en retraite. Une fois sur place, on lui a demandé s’il voulait rester en Angleterre ou rentrer en France.» Le régiment, en attente de retourner dans ses quartiers à Castres, se trouvait à Rennes, lors du tragique bombardement. Avant l’Angleterre, il aurait été chargé de surveiller le littoral nord et aurait été défait en Ardennes.