Le Rajasthan, c’est un pays dans un grand pays : l’Inde. Dans cette contrée lointaine aux mille couleurs, la visite commence en tuk-tuk, vrombissant à toute allure vers un grouillant centre-ville. Bienvenue à Jaipur, la ville rose, qui porte admirablement son nom. Les murs de ses édifices sont recouverts d’un grès rose éclatant, plongeant le voyageur dans une palette de teintes chaudes et lumineuses.
Au cœur de cette métropole de 4 millions d’âmes, le Hawa Mahal — littéralement le « Palais des Vents » — s’impose comme une merveille architecturale. Ce joyau du style rajpoute et moghol, avec sa façade de grès finement ciselée, donne l’impression d’une répétition à l’infini, comme un rêve sculpté dans la pierre. Tout autour, sous les arcades du XIXe siècle, une foule dense et bigarrée s’affaire. Les commerces pullulent : marchands de tissus colorés, vendeurs de glaces (non, pas celles qu’on déguste), et un personnage insolite attire l’attention — un distributeur d’eau qui, inlassablement, désaltère les passants, boutiquiers et pèlerins. « Dans la tradition hindoue, offrir de l’eau à un inconnu est un acte profondément vertueux. Cela relève du seva, le service désintéressé, et du punya, le mérite spirituel », explique Vinay, notre guide du jour.
Place aux festivités en ce mois d’avril : le festival de Gangaur est un enchantement. Dédié à la déesse Gauri, il est célébré par les femmes et jeunes filles qui prient pour trouver — ou garder — un bon mari. À cette occasion, danseurs virevoltants, musiciens endiablés, dromadaires caparaçonnés et éléphants majestueux s’en donnent à cœur joie le long d’un flamboyant cortège sous les regards émerveillés des spectateurs.
Pour s’imprégner pleinement de Jaipur, le vélo est peut-être encore le meilleur compagnon de route. Il mène à travers les marchés où, à même le sol, les marchands étalent légumes, fleurs et épices dans un tourbillon de senteurs. Il permet de rejoindre les quartiers sacrés, où les sanctuaires hindous accueillent sans relâche les prières adressées aux innombrables divinités.
À onze kilomètres de là, le fort d’Amber se dresse comme un rêve suspendu au milieu de nulle part. Ce palais du XVIe siècle, aux arabesques hindoues et aux salles aux miroirs étincelants, invite à la flânerie. Juste en contrebas, le bâoli — réservoir d’eau en escaliers — charme les curieux. Il précède une ultime étape : le « Monkey Temple », où les singes s’ébattent joyeusement, plongeant la tête la première dans les eaux fraîches venues des montagnes. Un petit paradis après une journée harassante sous le soleil du Rajasthan. Demain, cap sur Agra…