Construite en 1903, la prison Jacques-Cartier a fermé ses portes en 2010. Depuis son acquisition en 2021 par Rennes métropole, plusieurs événements ponctuels ont permis de découvrir le site, comme les Journées européennes du matrimoine ou des visites guidées. En 2023, le festival « I’m from Rennes » a même organisé un épisode singulier, « Prison Breq », pour occuper temporairement cet espace.
Malgré ces initiatives intéressantes, la réhabilitation de ce bâtiment, classé patrimoine d’intérêt local, reste encore au stade des promesses. Rien de surprenant à cela ! La maire de Rennes, Nathalie Appéré, veut « intervenir par étapes ». Elle préfère prendre son temps pour construire un projet solide, capable de s’ancrer durablement dans le paysage culturel et urbain de la ville. « L’ex-prison sera un lieu de dialogue inspirant entre artistes et citoyens », déclare-t-elle dans une vidéo récemment mise en ligne.
L’association Champs de Justice propose des visites, des expositions et des médiations autour de l’histoire de la maison de détention.
Mais pour beaucoup, la vision de Jacques-Cartier comme un « lieu de renaissance » ou une « prison horizon » relève davantage du jargon politiquement correct que d’une véritable avancée tangible. « Quand on ne sait pas quoi faire d’un édifice, les urbanistes d’aujourd’hui emploient des termes comme “hôtel à projets” ou “tiers-lieux” pour cacher leur manque d’imagination », dénonce un proche du dossier. « Ces termes semblent parfois une excuse pour dissimuler l’absence d’une idée concrète ».
Ne soyons cependant pas trop pessimistes ! Quatorze ans après sa fermeture, Rennes Métropole prendrait le taureau par les cornes. Elle vient de lancer un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour l’occupation temporaire du site sur cinq ans. Ce processus, ouvert aux acteurs associatifs, artistiques, économiques et patrimoniaux, invite à proposer des projets qui enrichiront l’identité du site. « Les candidatures doivent être déposées d’ici le 26 février 2025, et le lauréat sera désigné en juin 2025, avec une première installation prévue pour la fin de l’année 2025. »
La réhabilitation semble-t-elle prendre forme ? Va-t-on enfin dépasser les étapes répétitives des « ateliers participatifs », de la « créativité locale » et de la « coconstruction » ? À Rennes, d’autres grands projets de rénovation ont fait couler beaucoup d’encre : l’ancienne faculté Pasteur et l’ex-Hôtel-Dieu, pour ne citer qu’eux. Espérons que la réinvention de la prison Jacques-Cartier soit plus ambitieuse et plus concrète que l’ex-fac Pasteur, qui peine à trouver une forme de cohérence et d’intelligibilité. L’appel à manifestation d’intérêt est en ligne sur la plateforme Mégalis.