À Rennes, après minuit, la vie nocturne s’anime sur la vaste dalle, entourant le 1988 Club (boite de nuit). Des groupes se rassemblent, des discussions commencent, des regards complices s’échangent. L’ambiance est légère, presque insouciante. Mais derrière ce tableau se cache une réalité méconnue face à des agressions de plus en plus fréquentes (600 interventions de la police sur le secteur en 2024).
En interdisant les attroupements de 11 h à 2 h du matin jusqu’au mois de juin 2025 sur le quartier, la maire socialiste Nathalie Appéré veut taper fort ! Elle désire mettre fin à une situation, maintes fois décriée par les commerçants, les élus et les habitants. Plus qu’un autre, Le Jarl, directeur adjoint du 88 et influenceur très connu sur la toile, connait la dalle où il tente de faire régner l’ordre dans et aux abords de son établissement.
Pour Rennes Infos Autrement, ce père de famille a accepté de sortir de son « château fort » et de commenter la décision de la mairie. « Chaque soir, on intervient quatre à cinq fois au moins pour des bagarres », explique-t-il. « Pour une municipalité de gauche, c’est courageux de prendre une telle décision (rires). C’est une excellente idée sur le principe, car chaque fois qu’il y a des actes de délinquance sur cette place, ce sont systématiquement des individus qui sont en groupe. »
Tous les soirs, le Jarl et ses équipes dispersent les personnes afin d’anticiper d’éventuels gestes délictuels. « Cette décision va permettre d’intervenir aux policiers plus facilement. Mais pour moi, il ne faut pas s’arrêter à la dalle du Colombier et limiter l’interdiction uniquement entre 11 h et 2 h du matin. Les violences ont lieu 24 h sur 24 h. » Le Jarl en veut pour preuve une récente agression. « Le soir de la fête de la musique 2024, un jeune d’une vingtaine d’années a pris neuf coups de tournevis par deux hommes qui tentaient de lui voler son téléphone, devant notre établissement. Nous avons rattrapé les deux agresseurs, et attendu les pompiers devant une flaque de sang, un des coups est passé à 3 mm du cœur. »
Comme beaucoup, Le Jarl espère la fin de l’insécurité. « Je suis père de famille. Tous les jours, je croise les doigts pour que quelqu’un siffle la fin de la récrée ! ». Contre les délinquants, le Jarl souhaite la fermeté. Il désire des policiers plus souvent sur le terrain et des juges plus sévères. « Les magistrats doivent arrêter de faire aux fleurs aux fauteurs de trouble. »
Le périmètre de l’interdiction municipale comprend les axes suivants : boulevard Magenta, boulevard de la Liberté, rue Tronjoliy, rue du Puits Mauger, boulevard de la Tour d’Auvergne, rue du Papier timbré, rue du Capitaine Maignan, rue de l’Alma, rue Gurvand. Dans le secteur, en 2024, la ville comptabilise 40 faits de coups et blessures volontaires, 11 ports d’armes, 77 vols à l’étalage, 26 à la tire, 74 procès-verbaux de contravention pour consommation d’alcool. « Notre objectif est de mettre fin à l’occupation problématique du domaine public », insiste la maire.
Avec JC Collet.