Petit matin pluvieux à Guipry-Messac, ce 29 janvier, en plein épisode de crues. Le maire Thierry Beaujouan est déjà sur le pied de guerre depuis l’aube. « À 6 heures, RTL tenait à faire un direct avec moi », confie-t-il, téléphone vissé à l’oreille. Devant lui, le flot jaunâtre de la Vilaine se répand inexorablement dans les rues. Il énumère, d’un ton grave : « Dix commerces sont sous l’eau : les deux pizzerias, la cave à vin, la crêperie, l’épicerie, le PMU, la Minoterie, le réparateur de vélos, un artisan, une avocate… »
À quelques mètres de lui, un père immortalise la scène, photographiant ses deux filles devant l’étendue les inondations. Mais l’heure n’est pas aux clichés. Un habitant s’approche et lâche, visiblement ébranlé. « C’est pire qu’en 1981 ! ». Bottes et ciré bien en place, Thierry Beaujouan hoche la tête, avant de décrocher une nouvelle fois son téléphone. « On a transféré le cabinet médical, il prenait l’eau », informe-t-il son adjoint.
Sans mes équipes et tous les bénévoles, on ne ferait rien », souligne-t-il avec reconnaissance.
De retour à la mairie, l’élu présente fièrement son logiciel « crues ». « Cet outil nous permet de gérer les surfaces inondées en temps réel. En violet, les zones déjà impactées ; en orange, celles qui le seront bientôt ; et en jaune, les secteurs à surveiller en cas de nouvelles précipitations. C’est très performant ! », explique-t-il. Toutefois, pas le temps de s’attarder ! Il enchaîne déjà avec le recensement des sinistrés relogés. « Ils sont sept à l’hôtel de la gare, quarante-sept chez des particuliers. À Guipry-Messac, la solidarité a joué à plein. J’espère qu’elle jouera encore lors de la décrue. »
Dans des endroits, on a trois mètres d’eau. »
A nouveau, le téléphone sonne dans les bureaux. TF1 attend le maire au centre-ville. « Patiente près de la salle polyvalente ! Tu ne peux pas te tromper, la route est barrée », lance-t-il avant de repartir. Quinze minutes plus tard, il se retrouve face aux quais submergés du port. « Nous avons dû amarrer tous les bateaux », dit-il, dépité. Son esprit est déjà ailleurs. « Cet après-midi, les pompiers viendront nous aider à relever le parquet de la grande salle des fêtes. Dimanche dernier, des bénévoles avaient tout démonté pour limiter les dégâts. »
En regagnant la mairie, il se confie. « Ce n’est pas toujours facile. J’ai bataillé ferme pour obtenir la fermeture de nos deux écoles et du collège jusqu’à vendredi. » Dans ce tourbillon d’urgences, quelques bonnes nouvelles émergent tout de même. « On vient de recevoir des racleuses pour le nettoyage (après la crue) et une dizaine de wedeers (combinaisons pour la pêche) », glisse-t-il, soulagé. Mais l’instant de répit est de courte durée. Un nouvel appel l’alerte. « Pour l’eau potable, le premier secteur à risque est Redon, dès vendredi, si l’Oust continue à monter. À Guipry, pas de coupure prévue pour l’instant, mais si nécessaire, il faudra intervenir à Malon, où les maisons sont déjà évacuées. »
De nouveau sur le terrain, un habitant l’interpelle devant le pont de Guipry. « J’ai fait mes déclarations d’assurance, mais passera-t-on en catastrophe naturelle ? ». Thierry Beaujouan se veut rassurant. « Ce matin, j’ai reçu un appel du cabinet de la présidence pour connaître nos besoins. Vendredi, un autre ministre se rendra à Guipry-Messac. » Un signe encourageant, même si la bataille contre les eaux est loin d’être terminée. Demain matin, la Vilaine promet à nouveau des crues…