La chambre régionale des comptes de Bretagne s’est penchée sur la gestion du réseau des collèges publics. « Des marges de progrès existent dans les ressources humaines et l’optimisation de l’immobilier », explique-t-elle dans un dernier rapport. En Bretagne, elle pointe les taux d’occupation, les différences de résultats au brevet et la faible mixité sociale dans certains établissements. « En 2021, plus de 257,7 2 M€ (8,2 % des budgets) ont été réservés aux collèges publics par les quatre collectivités départementales ; ce qui représente la deuxième politique dans les dépenses, après l’action sociale, » indique toutefois la chambre.
Inégalité scolaire
Malgré ce dernier satisfecit, l’agglomération rennaise est confrontée à un « déséquilibre significatif » des effectifs entre établissements et à une « problématique importante de mixité sociale ». « Le travail lancé par le département en 2017, visant à faire progresser la carte scolaire pour contrer ces dérives, n’a pas produit de résultats notables. La situation des collèges en difficulté a peu évolué. Elle s’est même dégradée pour certains d’entre eux (Rosa Parks, Vautier, Cleunay, La Binquenais et Saint-Jacques-de-la-Lande) en matière de mixité sociale. Les résultats au brevet (taux de réussite et taux de mention) de ces établissements restent en moyenne très en retrait par rapport à ceux des établissements départementaux. »
À Rennes et dans sa périphérie proche, ce secteur géographique comprend 24 collèges regroupant 13 620 élèves (soit 41,6 % des effectifs bretilliens).
En lien avec l’État et la commune de Rennes, la chambre préconise au conseil départemental de mettre rapidement en place une stratégie et un plan d’action. Il s’agit de réduire les écarts entre les établissements au sein de l’agglomération, qui peuvent passer par des regroupements dans de nouveaux établissements. Pour rappel, le département avait voulu modifier sa carte scolaire pour la rentrée 2024 (voir notre article : https://www.rennes-infos-autrement.fr/nouvelle-carte-scolaire-la-tres-mauvaise-note-des-parents/) Il proposait aux élèves d’aller à un collège A, une année, et à un collège B, une autre année. Mais la fronde parentale avait eu raison du projet.
Baisse des effectifs
Dans le reste de l’Ille-et-Vilaine (34,5 % des collégiens bretons), les problèmes sont tout autre. « Les secteurs situés au nord-est (Pleine-Fougères, Val-Couesnon, Maen-Roch et Saint-Georges-de-Reintembault) et au sud du département (Redon) sont confrontés quant à eux à une baisse globale des effectifs depuis 2016. Ils ont des taux d’occupation relativement faibles (variant de 48 % à 70 %) et des perspectives négatives d’évolution d’effectifs. Ces zones sont en outre confrontées à une forte concurrence du secteur privé. » Devant cette situation, la chambre engage le département à maintenir les effectifs actuels et si possible les faire progresser, et à engager une réflexion sur l’évolution du patrimoine immobilier des collèges, notamment à Redon.
Infos + : L’indice de position sociale (IPS) est un outil du ministère de l’Éducation nationale permettant de mesurer la situation sociale des élèves face aux apprentissages dans les établissements. Plus l’indice est élevé, plus l’élève évolue dans un contexte familial favorable aux enseignements. Cet indicateur permet de rendre compte des inégalités scolaires et des disparités sociales existantes entre établissements et d’apprécier le niveau de mixité sociale des collèges. En 2022, l’IPS moyen national est de 104,2, celui de la région atteint 105,8. L’Ille-et-Vilaine dispose de l’IPS le plus haut de Bretagne (108,9). Mais parmi les 10 collèges avec des IPS les plus bas, la ville de Rennes compte quatre établissements : Rennes Parks, Rennes Chalais, Rennes Binquenais, Rennes Vautier. Toutefois, elle compte deux établissements parmi les 10 collèges avec des IPS les plus hauts de l’Ouest : Anne de Bretagne, Ormeaux (avec Cesson, Betton, Laillé). Il existe également une différence notable entre les établissements privés sous contrats, dont l’indicateur est supérieur (107,6) à celui constaté dans le public (104,2). Les familles des catégories socioprofessionnelles supérieures sont surreprésentées dans l’enseignement privé, limitant ainsi la mixité sociale au sein de ces établissements. Ce phénomène impacte le secteur public qui peine, selon les territoires, à assurer une mixité sociale au sein de certains de ses établissements.
Infos ++ : Pour rappel, la région Bretagne se caractérise par la forte présence de l’enseignement privé, qui concentre 43 % des effectifs (21,2 % au niveau national). 57 % sont publics et 43 % sont privés. Les taux de réussite au brevet en Bretagne sont meilleurs que ceux enregistrés au plan national : 91,4 % en moyenne entre 2016 et 2020 pour une moyenne française de 87,6 %, ce qui situe la région en première position. Globalement, les résultats des collèges du secteur privé sont supérieurs à ceux du public, avec un taux de réussite au brevet entre 2016 et 2020 de 94,5 % pour le privé et de 90,4 % pour le public. L’Ille-et-Vilaine compte un nombre de collèges (publics et privés) proportionnellement moins important que les autres départements au regard de sa population de collégiens (28 % des établissements bretons, derrière le Finistère).
Un dernier chiffre : A Rennes, Le taux d’occupation global de ces collèges dépasse les 80 % et varie de 62 % (collège de Rennes-Vautier) à 99 % (collège de Pacé). La progression du nombre de collégiens va par ailleurs se poursuivre dans les cinq prochaines années, selon les estimations. »
