Reconstruit en 1939, le pont de Berlin enjambait la Vilaine. Il rejoignait la rue de Berlin (devenue aujourd’hui rue Jean Jaurès) de la rue Chalais (rue Maréchal Joffre). Il fut débaptisé en 1915, quelques mois après le début de la première Guerre Mondiale et deux ans après le recouvrement de la rivière en 1913.
Situé en plein cœur du centre ville, le pont est à deux pas du Palais de la République et du Musée de Bretagne. Jadis, il portait le nom de la capitale allemande pour saluer la victoire des grognards dans Berlin en 1806 et les offensives du grand Napoléon Bonaparte. Par cette appellation, les hommes de la IIIe république désiraient effacer la défaite de la Guerre contre les Prussiens en 1870.
Mais en 1914, changement de contexte. « Nous avons à Rennes la rue de Berlin. Se peut-il que ce nom soit maintenu, lisait-on dans L’Ouest-Eclair du 15 août 1914. Les Allemands sont tout à jamais déshonorés, aujourd’hui, en raison de leur fourberie et des atrocités qu’ils ont commises. Il est tout naturel qu’on veuille effacer tout ce qui peut rappeler leur souvenir, »
A l’époque, le maire Jean Janvier n’est pas d’accord, mais pas du tout. Il veut maintenir coûte que coûte le nom. «Il pourrait même évoquer à l’avenir un nouveau triomphe, celui des poilus marchant sur la capitale allemande, » explique Jean Janvier devant le conseil municipal de Rennes, le 28 août 2014 (cf : source Ouest-france du 19 juin 2014).
Un an plus tard, l’argument du maire ne tiendra plus devant les Poilus revenant du front. Le 17 décembre 1915, Carle Bahon, futur de maire de rennes, propose de tout changer. Les rues de Berlin et de Bourbon, ainsi que le pont éponyme, devront être désormais dénommés Jean Jaurès et Edith Cavell (infirmière fusillée le 12 octobre 1915 par les « boches » pour aide aux prisonniers de guerre).
Une question demeure toutefois. Cent ans plus tard, le pont de Berlin ne doit-il pas retrouver son nom d’origine…surtout que sur bien des cartes, l’ouvrage qui n’est plus un pont, ne porte plus de nom et que nous sommes quand même à l’heure de la construction européenne…