Hier, jeudi 17 avril, en fin d’après-midi, Villejean a de nouveau été le théâtre d’une fusillade (voir notre article). Ce matin, Charles Compagnon (centre droit), leader de l’opposition, est retourné sur les lieux. Il a tenu à s’exprimer avec émotion dans un communiqué. « Mes pensées s’adressent d’abord aux clients qui ont vécu ce moment avec moi. Elles vont aussi aux habitants du quartier qui n’en peuvent plus de ces règlements de compte à répétition, aux forces de l’ordre qui ont agi admirablement et nous ont pris en charge rapidement. »
Encore une fois, le conseiller municipal a rappelé son engagement. « Cela fait plus de dix ans que j’évoque la sécurité à Rennes. Je l’ai toujours fait pour les autres, comme lanceur d’alertes. Je n’imaginais pas un jour devoir en parler pour moi-même. Il y a ce que l’on nous rapporte. Il y a ce que montrent les statistiques, il y a ce que nous dénonçons conseil municipal après conseil municipal. Et puis il y a ce que l’on vit, ce que j’ai éprouvé ce 17 avril, ce que trop de Rennais ressentent trop souvent depuis une dizaine d’années. »
Hier, lors d’un déplacement habituel dans les quartiers rennais, un drame s’est produit devant lui. « Nous étions assis dans un café. Autour de nous, un couple de retraités, un papa et sa jeune fille qui étaient venus prendre un goûter. Et tout a basculé. Des tirs. Des cris. Nicolas m’a tiré au sol. Les balles ont sifflé au-dessus de nos têtes. Nous avons vu l’horreur. Nous avons observé ce que vivent trop souvent les habitants des quartiers abandonnés par la République. Cette réalité, je ne la découvre pas. Je la vis, je l’écoute, je la constate. Rennes est gangrenée par le trafic de drogue, par des bandes organisées qui n’ont peur de rien, qui n’ont aucun respect pour l’existence humaine. »
Face à cela, Charles Compagnon interpelle la majorité municipale. « Elle parle de sentiment d’insécurité. Mais enfin, quand des enfants doivent se coucher par terre pour éviter une balle perdue, ce n’est plus un sentiment, c’est une réalité brutale ! Moi, je dis : ça suffit. Il est temps d’agir. Mais où sont les résultats ? On ne peut plus se contenter d’affirmer : c’est la faute de l’État . Il faut agir. Ici, à Rennes. Pour de vrai. Je veux un sursaut. Je souhaite un plan clair, fort, immédiat. C’est ainsi que j’ai demandé à la Maire ces dernières semaines, le déblocage de 1 million d’euros sur les fonds de réserve du budget pour renforcer la police municipale et la vidéo de protection. »
Cette demande est pour l’heure restée sans réponse. « En 2020, j’ai fait des propositions, dont celle d’armer la police municipale. Elles sont plus que jamais d’actualité. Je continuerai à les porter avec détermination. Ce matin, en me levant après une mauvaise nuit, je me suis dit : soit j’y retourne dès aujourd’hui, soit j’arrête la politique. J’y suis retourné et je continuerai à me rendre dans tous les quartiers de Rennes. Parce que j’y crois. Parce que Rennes mérite mieux. Je ne baisserai pas les bras. Je ne détournerai pas le regard. Je suis là pour agir. Et je le ferai si vous m’en donnez les moyens demain. »
Ce matin, Nathalie Appéré est aussi revenue sur la dalle Kennedy. Elle l’a dit sur sa page Facebook. « Je suis à la rencontre des agents de notre collectivité et de nouveau à l’écoute des habitants et des commerçants. (…) Les faits d’hier sont traumatisants. Ils marquent profondément les riverains comme les professionnels. Comme nous l’avons fait en janvier, nous travaillons à mettre en place rapidement des dispositifs d’écoute et d’aide psychologique. J’ai pu faire part aux agents de tout notre soutien et leur partager les informations recueillies en continu depuis hier après-midi, auprès de la police et de la justice. »
Après avoir salué l’efficacité du travail d’enquête, la maire attend une présence policière massive et durable. « Aujourd’hui, comme depuis des mois, je mène ce combat, pour que les effectifs de police soient renforcés. J’ai eu de nouveaux échanges ce matin, notamment avec Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur. Je me suis assurée que la CRS 82 reste déployée dans le quartier. La CRS 56 prendra le relais ce week-end. Les effectifs locaux de la police nationale seront également présents. Ce déploiement de force est indispensable dans le moment de tension. L’appui policièr doit aussi se poursuivre dans le temps. »
La lutte contre le narcotrafic est un combat difficile, mais il n’est pas question de déserter. » Nathalie Appéré.
Encore une fois, l’élue rappelle la mobilisation des agents du service public et des associations. « Ce sont eux qui assurent au quotidien une présence de proximité, un accompagnement, et des services précieux pour les habitants. Malgré les inquiétudes, ils tiennent bon. Leur engagement force le respect. La police municipale est aussi investie dans ses missions et patrouille sur le quartier. Elle n’a toutefois pas le pouvoir d’intervenir directement sur les trafics. Ce qui relève du narcotrafic, des enquêtes et des interpellations, est entre les mains de l’État et de la police nationale. Tous ensemble, nous continuons à occuper le terrain et à mener le combat, sans relâche. Nous le devons aux habitantes et aux habitants. » Deux discours, deux manières de voir les choses. En 2026, les électeurs rennais devront s’en souvenir.
