Le quartier de Villejean a été plongé dans la stupeur jeudi soir, après une fusillade qui a causé quatre blessés, dont un dans un état critique. La scène, digne d’un champ de bataille selon plusieurs témoins, a ravivé les inquiétudes sur la sécurité dans certains quartiers de la capitale bretonne. À peine les sirènes des secours retentissaient que les réactions politiques et institutionnelles se faisaient entendre, parfois avec virulence.
L’attaque s’est produite en fin de journée, dans une zone commerçante du quartier de Villejean. Selon le préfet Amaury de Saint Quentin, présent sur la dalle Kennedy, cet après-midi, il s’agirait probablement d’un règlement de comptes entre groupes liés au trafic de stupéfiants. « Ce que je peux vous dire à ce stade, c’est que tous les renforts demandés hier soir ont été octroyés immédiatement », a ajouté le préfet.
En urgence, la préfecture a déployé une compagnie de CRS pour renforcer le dispositif de sécurité, qui demeurera sur place jusqu’à lundi. « Nous avons désormais des policiers qui patrouillent 7 jours sur 7, en journée comme en soirée, dans tout le quartier. » Quant à la suite des opérations, le préfet reste toutefois prudent. « Nous n’avons pas encore de visibilité, après le week-end. Les unités de force mobile sont gérées au niveau national. »
Carole Gandon (Révéler Rennes) : « La maire doit sortir de ses postures ambiguës »
Après cet évènement, la cheffe de file du mouvement Révéler Rennes, Carole Gandon, n’a pas mâché ses mots. « Nous sommes profondément choqués, mais malheureusement pas surpris. Cela fait longtemps que nous alertons sur la dégradation de la sécurité dans ce quartier. » Une nouvelle fois, elle pointe du doigt la majorité. « La maire de Rennes doit sortir des postures ambiguës qu’elle entretient par ses alliances. Aucun projet n’a de sens dans une ville gangrenée par la violence. L’armement des policiers municipaux est une première réponse forte, attendue par tous. Plusieurs de nos collègues, dont Charles Compagnon et Nicolas Boucher, ont échappé au pire. »
Thomas Rousseau : « La réponse apportée est un déni de réalité »
Candidat aux municipales, Thomas Rousseau (Les Républicains) a lui aussi réagi avec détermination. « Nous condamnons fermement cette fusillade et adressons tout notre soutien aux blessés, aux clients et aux deux élus locaux présents lors du drame. » Vivement, il critique l’inaction gouvernementale : « la CRS 82 était déjà mobilisée depuis des semaines, mais aucune mesure concrète n’a été prise. C’est un déni de la situation que nous vivons. »Nous demandons depuis des mois l’armement de la police municipale, des personnels supplémentaires, une installation massive de vidéosurveillance, ainsi que le classement de Rennes en secteur difficile. »
Ce n’est pas une histoire rennaise. On voit bien que les personnes impliquées viennent de partout : Marseille, Paris… Il y a une nationalisation du trafic. » Le préfet
Frédéric Gallet, secrétaire départemental Alliance Police 35, n’est pas surpris, lui, par la situation. « Il faut des effectifs, un parquet spécialisé stupéfiant, armer la police municipale. Mais impérativement pour gagner la guerre, il faut changer de logiciel. » Un avis qui tranche avec celui du préfet : « Quel meilleur témoin d’efficacité que l’interpellation des auteurs présumés dans les heures qui ont suivi ? Ces individus doivent savoir que la volonté du Gouvernement est ferme. Ce sera tolérance zéro. Les services de l’Etat continueront à mettre les moyens nécessaires pour que la vie puisse reprendre, dans des conditions dignes », a déclaré Amaury de Saint Quentin. Ce soir, nous apprenions qu’une femme, habitant à proximité de Villejean, était venue porter plainte pour des impacts sur la carrosserie de sa voiture.
