Ce samedi 26 octobre 2024, le quartier de Maurepas, vers 10 heures, des rafales d’armes à feu ont retenti allée de Brno. Ils ont perturbé le calme automnal et éveillé les inquiétudes des habitants. « Ça faisait tac-tac, comme si quelqu’un perçait un mur », raconte un voisin. Non loin de là, dans une salle du pôle associatif de la Marbaudais, des adolescents en plein cours d’arabe ont entendu les mêmes bruits préoccupants. « Mais après des aboiements, leur professeure leur a immédiatement ordonné de rester à l’intérieur, à la bibliothèque, pour leur sécurité», ajoute une autre dame.
Dans une tour avoisinante, un autre habitant relate son angoisse. « Il y a eu des “pan-pan” ! Je ne savais pas ce qui se passait. J’ai dit à mes enfants de 5 et 3 ans que c’était des feux d’artifice pour ne pas les effrayer. Je suis obligé de leur mentir, mais je suis fatigué de vivre dans cette insécurité. »
Intervention du RAID et début de l’enquête
Dans un communiqué, ces faits ont été confirmés peu après par Jean-Marie Blin, procureur adjoint de la République. « Un groupe d’individus cagoulés, dont l’un armé d’un fusil, s’est déplacé dans Maurepas », a-t-il précisé. « Ces événements ont nécessité l’intervention du RAID. Dans le quartier, une personne a été agressée à mains nues et hospitalisée. La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) est chargée de l’enquête. »
Dès la fin de matinée, les hommes du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) ont bouclé le secteur pour sécuriser la zone, notoirement marqué par les trafics de stupéfiants. Selon nos sources présentes sur place, cette action a permis aux brigades de la BAC et de la compagnie d’intervention d’interpeller une dizaine de jeunes hommes, à proximité de la station de métro Gros-Chêne. Ils ont été transférés vers le commissariat de la Tour d’Auvergne. Cependant, le parquet n’a pas confirmé cette information ni le nombre de trois blessés initialement avancé par nos bons soins.
Rivalités entre bandes et reconstitution des faits
D’après les premiers éléments de l’enquête, cette flambée de violence serait le résultat d’un affrontement entre bandes rivales. L’homme blessé, qui aurait été pris à partie à quelques mètres de la station de métro Gros-Chêne, aurait été accusé d’avoir filmé une scène antérieure. Vers 14 heures, les fins limiers poursuivaient leurs relevés d’indices dans le périmètre de sécurité. Une quinzaine de marqueurs de la police scientifique, destinés à signaler les traces laissées par le passage de l’individu armé d’une kalachnikov, étaient visibles au sol.
Ce déploiement massif des forces de l’ordre n’a pas manqué de surprendre les habitants. « C’est bien d’arrêter des jeunes, mais il faudrait qu’on leur donne une vraie leçon », commente un homme dans le bureau de tabac du Gros Chêne. « En Afrique, dans mon pays, on est bien plus sévère avec ce genre de délinquance. » À quelques pas de là, un échange de drogue se poursuivait toutefois en pleine rue. « Combien ? » demandait un consommateur. « Quinze euros », répondait un trafiquant à un client. Cet incident n’est pas sans rappeler les événements du 23 septembre dernier, où des rafales avaient également retenti dans le quartier. Depuis quelques semaines, de nombreux règlements de compte émaillent la vie rennaise.