Ce mercredi 30 mars, à partir de 6 h 30, policiers et gendarmes ont expulsé les derniers migrants du gymnase de la Poterie (voir notre article). Leur intervention a suscité un vif émoi chez les enfants de l’école voisine, leurs parents, mais aussi chez les membres notamment d’Utopia 56 ou encore du collectif, Un toit, c’est un droit. Vingt-quatre heures avant l’évacuation, des riverains du quartier de la Poterie avaient tenu à écrire une lettre aux associations. « Cette situation nous sidère », rapportaient-ils. « Nous demandons expressément à l’État, à sa préfecture, à la Ville de Rennes de ne pas mettre plus en danger ces personnes. Ils doivent assurer leurs missions, trouver des solutions pérennes et appliquer les valeurs de solidarité et de fraternité qui sont le socle de notre pays. »
Comme les collectifs, ces riverains ont donné un coup de main durant toute l’occupation du gymnase. « Nous avons apporté de l’humanité alors même qu’aucune personnalité officielle n’a daigné se déplacer, préférant envoyer huissier et policiers se charger de traiter le problème. » Face à cette situation, ils tiennent à saluer la «solution précaire» des associations (mais qui a le mérite d’exister). « Nous avons assisté à un moment de stress intense pour ces individus. Comment la ville de Rennes et sa métropole peuvent-elles consacrer autant de budgets chaque année à la production de logements sans en trouver pour les migrants ? Comment ne trouvent-elles pas de réponses pour éviter que des gens ne dorment pas dans la rue ? Comment l’État peut-il d’un côté prononcer des discours pleins de générosité vis-à-vis des réfugiés ukrainiens quand il n’assure déjà pas son rôle pour les demandeurs d’asile ? Y a-t-il une préférence pour certains ? » Durant deux mois, des migrants ont vécu dans un gymnase.
Infos + : Les policiers et les gendarmes étaient très nombreux, trop nombreux avec des fourgons en grands nombre également. Ils étaient armés jusqu’aux dents alors que des centaines d’élèves de l’école de la Poterie rentraient dans leur école. Imaginez la peur de tous ces enfants en arrivant sur les lieux. Tout cela pour une poignée de personnes, des familles essentiellement, non violente donc qui ne représentait donc pas de danger immédiat. Je pense que tout cela aurait pu être réglé autrement, par exemple plus tard lorsque tous les élèves étaient en classe. Pourquoi tout cela ? », s’interrogeait ce matin, une de nos lectrices, Maryline Faucheux.