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jeudi 28 septembre 2023
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ELLE AVAIT FILMÉ EN DIRECT LA MORT D’UN HOMME : QUINZE MOIS D’EMPRISONNEMENT AVEC SURSIS

Lundi 29 mai dernier, station du métro Fréville, un homme était tué à coups de machette (notre article). Quelques jours après, une vidéo d’une dizaine de secondes était diffusée sur le réseau Twitter. Elle montrait la victime agonisant dans un escalier et dans une mare de sang. La scène d’horreur avait été vue et partagée des milliers de fois, notamment au sein de différents collèges et lycées rennais.

En garde à vue, la sœur du compagnon de la prévenue avait avoué le transfert de la vidéo sur Snapchat, mais uniquement à une dizaine de contacts proches.

Très rapidement, grâce aux images de vidéosurveillance, une jeune femme était surveillée de près par les enquêteurs de la DTPJ (Direction territoriale de la police judiciaire). Grâce à la vérification de tous les usagers, ayant « badgé » leur carte Korrigoo à l’heure des faits, elle était vite considérée comme « l’auteure » de la séquence. Absente de son domicile lors de l’arrivée des policiers, elle se rendait plus tard et d’elle-même au commissariat.

En garde à vue, la jeune femme reconnaissait avoir pris la vidéo. « Je voulais me protéger  ! », dira-t-elle. Une première fois, elle a comparu devant les juges le mercredi 07 juin 2023. Après avoir demandé un délai pour préparer sa défense, la jeune femme, sous escorte, était ressortie libre sous contrôle judiciaire. Mais l’affaire ne s’arrêtait pas là. Des zones d’ombres restaient à éclaircir. « De nombreux messages avaient été supprimés de son téléphone, avant son placement en garde à vue », assurait la police. 

Ce sont des images « terribles », avait insisté le procureur, Philippe Astruc. 

Le 05 juillet 2023, deux autres personnes (le compagnon de la prévenue et la sœur de ce dernier) étaient placées en garde à vue, après l’exploitation du portable de la jeune femme. Elles réfutaient elles-aussi tout partage sur les réseaux sociaux. Ce jour, devant les magistrats, l’auteure, d’origine africaine, toute menue, aux cheveux courts, comparaissait aux côtés de son ami et de sa « belle-sœur ». Inscrite à la Faculté de Rennes 2 en AES, mais ayant décroché après quelques mois, elle travaille désormais dans un restaurant au Colombier. Elle est décrite par ses patrons comme ponctuelle, souriante et bosseuse. Depuis peu, elle s’est inscrite pour passer les concours de la gendarmerie. Les deux autres prévenus, âgés d’une vingtaine d’années, sont l’un, agent de tri au sein de la société Paprec, et l’autre, étudiante en BTS. Ils vivent tous les deux dans le même domicile familial.

Devant les magistrats, la « réalisatrice » a fait profil bas.  « J’ai eu le réflexe de filmer », convient-elle. « Mais j’étais mal lorsque j’ai appris que la vidéo était sur les réseaux. Je regrette aujourd’hui. » De l’autre côté de la barre, l’avocat de la famille de la victime dénonce un « réflexe » malsain. « Mes clients ne cessent de supprimer et signaler le film chaque jour. Les auteurs doivent prendre conscience de l’horreur de leurs actes », rappelle Tatiana Abachkina. 

« Tant que nous sommes parmi les hommes, nous devons pratiquer l’humanité », a expliqué la représentante du ministère public, Alice Barbe (citant Sénèque). Durant de longues minutes, la magistrate évoque le paradoxe entre l’attitude de la jeune femme et celle d’un SDF. « Seul ce dernier a exprimé des regrets de ne pas avoir sauvé la victime », ajoute-t-elle. « Il est le seul à avoir tenté de lui porter secours. »  

En défense, maître Maxime Tessier a plaidé la relaxe. « Ma cliente n’a pas tourné la scène d’un meurtre ni diffusé elle-même la vidéo sur les réseaux sociaux. Jamais, elle n’a eu conscience de transgresser la loi. Elle ne peut pas être le bouc émissaire pour les autres. Elle ne peut pas non plus être responsable de la manière dont la technologie transforme nos vies ! » Le tribunal a condamné la jeune femme à 15 mois d’emprisonnement avec sursis. Les deux autres prévenus ont écopé d’une peine de 6 mois d’emprisonnement avec sursis. Tous trois auront l’obligation d’effectuer un stage de citoyenneté à leurs frais.

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